Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Du voile à la liberté

|

3 septembre 2019

|

On considère, en islam, que le voile est un signe de piété. Pourquoi certaines femmes l’abandonnent-elles? Récit de l’une d’elles qui a bien réfléchi avant de se décider.

Dès ma jeunesse, j’ai porté le voile. Un voile épais qui me collait à la peau. Un voile lourd qui m’empêchait de voir plus loin et que je ne pouvais enlever moi-même. Ce voile, je ne le portais pas sur la tête seulement. Il couvrait mes yeux et mon être tout entier. Il m’opprimait et étouffait mes opinions, mes doutes et ma spontanéité. Ce voile et moi ne faisions qu’un. Mon nom était « Nadia-la-musulmane ». L’une n’allait pas sans l’autre jusqu’au jour où …

Mais avant de parler des changements survenus dans ma vie, je dois vous dire quelque chose de mes premières années. Après ma naissance à Genève, mon père nous a emmenées en Egypte pour que mes soeurs et moi recevions une éducation musulmane. J’ai ainsi vécu à Ismailia jusqu’à l’âge de seize ans. Ce furent de belles années, remplies de belles amitiés, de beaux moments au soleil et de bien d’autres bons souvenirs. Je sentais cependant que quelque chose n’allait pas en moi mais sans pouvoir dire quoi.

Ne pas poser de question

A l’école, nous avions un cours de religion. Durant ces leçons nous devions réciter des versets du Coran que nous avions mémorisés sans les comprendre. Nous avions interdiction totale d’intervenir ou de poser des questions. Pourtant, un jour, durant un cours particulier chez moi avec plusieurs de mes camarades d’école, je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai naïvement posé une question sur le Coran. Une question que j’ai immédiatement regrettée. Notre professeur m’a brusquement réprimandée pour avoir osé questionner la « parole sainte d’Allah ». « Ne pose plus jamais de question sur le Coran. C’est comme ça, un point c’est tout ! » Puis il a repris sa leçon.

Après cet incident, la vie a continué, mais une petite voix lancinante me disait que quelque chose n’allait pas. Pourquoi n’avais-je pas le droit de réfléchir et de me poser des questions sur notre Livre ?

A cette époque, je n’avais pas internet ni les moyens de m’acheter des livres. Pour apprendre l’islam, nous dépendions complètement de l’enseignements de nos professeurs. Ils nous expliquaient qu’il était indispensable de consulter les « tafsirs »[1]  pour comprendre le Coran car, disaient-ils, l’arabe du Coran était une langue trop difficile pour nous, le peuple. Nous ne pourrions pas le comprendre. En plus, nous n’avions pas accès aux « Hadiths »[2]. En fin de compte, nous ne savions de notre religion que ce que nos professeurs voulaient bien nous en dire. Toute source de connaissance indépendante nous était inaccessible ou cachée. Mais pourquoi nos professeurs et toute une société auraient eu quelque chose à cacher à propos de l’islam?

Lire: Porter le voile, ma liberté

Lire aussi: Philippe d’Iribarne: Pourquoi refuser le voile islamique n’est pas islamophobe

Etudier les textes fondateurs de l’islam

Devenue adulte, j’ai donc décidé d’étudier l’islam sérieusement. Je voulais pouvoir à mon tour enseigner à mes enfants la beauté de cette religion. Pour eux que j’aime plus que tout au monde, je devais enfin comprendre ce que je n’avais pas parfaitement saisi. À 34 ans, il était temps que j’utilise cet organe fantastique dont nous sommes tous dotés, mais dont je n’avais pu faire qu’un usage restreint: mon cerveau. C’était évident, comment pourais-je enseigner aux autres ce que je ne comprenais pas moi-même ? Comment allais-je leur présenter une religion dont la plupart des sources m’étaient inconnues ?

Ce sont ces questions qui m’ont poussée à effectuer, grâce à internet, mes premières recherches sur l’islam. Mon but était simple : je voulais apprendre et mieux comprendre ma religion. Je me suis donc mise au travail et je n’ai consulté que des sites musulmans.

Des découvertes qui ébranlent la foi

Si vous êtes musulman, on vous enseigne que le Coran est la parole divine d’Allah qui n’a jamais été changée, a toujours existé auprès d’Allah et existera toujours. Ma première recherche a donc consisté à vérifier comment le Coran avait été assemblé et préservé. Et là, j’ai eu mon premier choc. Mes professeurs s’étaient bien gardés de m’enseigner qu’Othman, le troisième calif [3] avait donné l’ordre de brûler tous les Corans qui existaient à son époque afin d’imposer à tous les croyants la compilation des révélations de Mahomet qu’il avait fait réaliser.

Cette première découverte n’a fait qu’exciter ma curiosité. Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai appris dans le Coran, les Hadiths et les Tafsirs beaucoup de nouvelles choses qui m’ont choquée, des choses qui sont inadmissibles et qu’aucun être humain ne devrait accepter. J’étais très troublée par la haine et la violence, notamment envers les femmes, les Chrétiens, les Juifs et même envers les chiens. Coran 9 :5 dit, par exemple: « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salât et acquittent la Zakât, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.»

Les versets violents et remplis de haines et de mépris pullulent dans le Coran. Cela fut très difficile à accepter tant l’Islam faisait partie de mon identité. Cette religion avait contrôlé tous les aspects de notre vie. Ce fut aussi une épreuve de voir la réalité de ce qui est écrit dans les sources islamiques principales[4] car tout ce que je lisais était bel est bien là, écrit noir sur blanc par les compagnons du prophète ou par les savants.

Poursuivre la quête de la vérité

Puis quand la pensée de quitter l’islam m’est venue, la difficulté fut pire parce que j’avais l’impression que si je réfutais et abandonnais cette religion, je n’existerais plus. Deux options s’offraient à moi : continuer dans le mensonge et faire semblant de n’avoir rien vu, ou accepter la réalité puisque, de toute manière, Dieu voit les cœurs. Finalement, le besoin de vivre dans la vérité a eu raison de mes craintes. J’ai donc décidé d’aller de l’avant et de poursuivre ma quête de la vérité même si cela impliquait d’abandonner l’islam.

Mais avant d’en arriver là, une personne m’a tendu une Bible en m’invitant à lire l’Evangile de Jean. L’idée de toucher ce livre me dégoutait profondément. Je ne l’avais jamais fait auparavant. Pourtant, au cours de mes lectures, j’étais tombée sur ce verset du Coran: « Si tu es en doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge alors ceux (Juifs et chrétiens) qui lisent le Livre révélé avant toi. La vérité, certes, t’est venue de ton Seigneur: ne sois point de ceux qui doutent » (Coran 10.94). C’est donc ce que j’ai fait et, très mystérieusement, Dieu m’a libérée d’une part de mes craintes et de ma haine envers les Chrétiens. C’est comme ça que j’ai pu entamer la lecture de cet Evangile.

A ma grande surprise, une sensation nouvelle m’a envahie : c’était comme si une lumière était entrée en moi. A cet instant,  j’ai su que cet Evangile était la Parole de Dieu. Ce fut clair pour moi : seul Dieu pouvait avoir inspiré un tel écrit. Tout en poursuivant ma lecture, je me suis mise à faire des recherches sur la Bible, à propos de sa préservation et de la manière dont les livres qui la composent avaient été assemblés. Assez rapidement, j’ai eu la conviction que la Bible était un livre sûr, dont les traces historiques étaient évidentes et dont le texte était digne de foi.

Suivre le chemin, la vérité et la vie

Un soir de novembre 2017, suite à la lecture des Evangiles et à beaucoup de questionnements et de recherches sur la Bible et Dieu, je me suis mise à genoux pour demander pardon à Dieu pour mes péchés et accepter Jésus comme Sauveur et Seigneur de ma vie. Le lendemain, je me suis réveillée transformée. J’étais devenue une autre personne. J’étais désormais remplie d’amour et de paix, une paix indescriptible qui ne pouvait venir que de Dieu. En effet, à travers sa mort et sa résurrection, Jésus est le seul chemin qui conduise au salut et la seule voie qui mène à Dieu. Il le dit lui-même: « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (La Bible, Jean 14:6). C’est ainsi qu’en devenant « disciple de Jésus », j’ai trouvé la vie dans sa plénitude et que mon malaise intérieur a disparu.

Cherchez et … vous trouverez !

Je sais très bien que ce que j’ai fait ce jour-là est pour mes amis musulmans un sujet de grande tristesse plutôt que de joie. Ils ne peuvent concevoir mon acte que comme une trahison de la meilleure des religions, un rejet honteux d’Allah et de son prophète ainsi que de ma famille et de mon pays. Mais je voudrais les appeler, avec beaucoup d’amour, à lire leurs propres sources et à comprendre par eux-mêmes le Coran, les Hadiths et les Tafsirs. Je voudrais qu’ils sachent qu’ils sont, comme moi, capables de comprendre ces textes. Toutes ces sources sont accessibles sur internet aujourd’hui. Leur répéter que sans un imam ils ne pourront jamais les comprendre n’est tous simplement pas vrai. Comme moi, ils sont assez intelligents pour saisir le sens de tous ces textes. Pas non plus besoin de lire l’arabe pour les étudier, car des traductions existent.

Je suis arabophone et je peux vous confirmer que les traductions des textes sont à votre portée. Je dois cependant ajouter que les traductions adoucissent les textes les plus durs, et même dénaturent le texte original en omettant parfois des passages honteux. Néanmoins, ces traductions vous suffiront pour comprendre par vous-mêmes qui est Allah et son prophète. Ne vous inquiétez donc pas de la langue, des textes ou de tout autre prétexte qui vous empêcheraient de lire par vous-mêmes et de chercher. La seule chose dont vous avez impérativement besoin pour comprendre, c’est la volonté de comprendre. L’honnêteté et l’humilité de votre démarche est la condition de votre accès à la vérité. Vous pouvez en être certains, Dieu vous révélera la Vérité si vous la cherchez de tout votre coeur.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (La Bible, Jean 3:16).


[1] Commentaires et explications du Coran écrits par des savants reconnus et admirés.

[2] Faits et dires du prophète que les musulmans doivent imiter et suivre.

[3] Successeur de Mahomet.

[4] Coran, Hadiths et Tafsirs.

VOUS AVEZ AIMÉ CET ARTICLE ?
S’abonner à notre newsletter.

En soumettant ce formulaire, j’accepte la politique de confidentialité

Articles en relation

5296935252_c5233df51f_k
Dans le monde musulman et dans nos pays, les conditions de validité d’un contrat de mariage musulman sont strictes. Elles stipulent qu’un  « mécréant » (non musulman) ne peut épouser une musulmane.
La discrimination de la femme dans le Coran est une réalité que combattent beaucoup de femmes musulmane, dont Leïla Slimani sur cette photo. Elle est marocaine et écrivaine.
La discrimination de la femme dans le Coran et la Sunna de Mahomet constitue le sujet que l'auteur de cet article met en lumière. L'islam saura-t-il se réformer? Et quel rôle joueront les femmes dans cette réforme, si elle a lieu?
7108165865_52f47358ca_k
Accusé de viol, Tariq Ramadan a réussi à convaincre le tribunal qui le jugeait d'être victime de la plaignante qu'il a accusée de mensonge.