Le port du voile est-il une forme de liberté? Certains l’affirment en Occident. Mais pour les femmes musulmanes pieuses, il indique qu’elles ont intériorisé l’idée que leur corps est honteux.
Une différence capitale entre l’homme et la femme
La Sourate 24 :30-31 fait une distinction importante :
V. 30 : « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est, certes parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. »
V. 31 : « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu’elles ne montrent leurs atours qu’à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes Musulmanes, ou aux esclaves qu’elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties impudiques (honteuses) des femmes. Et qu’elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l’on sache ce qu’elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, Ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. »
Ces deux versets, dont le premier s’adresse aux hommes et le second aux femmes, font ressortir une importante différence entre eux : la femme doit cacher ses parties honteuses tandis que rien de semblable n’est exigé de l’homme.
Quelles sont les parties honteuses de la femme ?
Le Coran reste silencieux à cet égard. La Sunna de Mahomet, par contre, est explicite. Dans son Hadith, le Prophète précise : « Lorsque la femme atteint l’âge des menstrues, il convient que l’on ne voit d’elle que le visage et les deux paumes des mains.»1
Averroès (1126-1198)2, en plein accord avec les quatre écoles de jurisprudence musulmane, précise que « L’avis de la majorité des savants est que tout le corps de la femme est une ‘Awra (honteux) à l’exception du visage et des mains »3. Cette jurisprudence s’applique aujourd’hui encore.
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Le corps de la femme est source de trouble et de mal pour l’homme
Dans son recueil de hadiths, Muslim rapporte le fait suivant :
Après avoir regardé une femme, Le Messager l’Allah s’est empressé d’aller vers Zaynab (une de ses épouses). Il l’a interrompue dans ses activités et a eu un rapport sexuel avec elle. Puis, de retour vers ses compagnons, il leur a dit :
« La femme apparait et se retire sous la forme de Satan. En conséquence, quand l’un de vous voit une femme, il devrait aller vers sa femme, car cela repoussera ce qu’il ressent dans son cœur. »4
Muslim ajoute :
« L’homme qui voit une femme qui provoquera le trouble dans son âme, devra aller vers sa femme ou son esclave (sexuelle) pour avoir des relations avec elle. »
Selon ce Hadith, le Prophète atteste que pour un homme, la vue d’une femme peut être source de trouble et de tentation. De plus, d’après lui, Satan utilise la femme pour semer la tentation et la dissension entre les hommes afin de les induire au mal et de les empêcher de se consacrer à l’adoration d’Allah.
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Ce qu’Allah a prévu pour préserver ses adorateurs
La Sourate 33.59, fait la recommandation suivante :
« O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles (en arabe, « Djalabib » pluriel de « Djilbab », terme désignant le voile islamique) ; elles en seront plus vite reconnues et exemptes de toute offense. » (Sourate 33, verset 59)
Ce verset laisse entendre que le voile remplit une double fonction: il préserve les hommes de la tentation et les femmes d’être considérées comme des objets sexuels par les hommes dont elles exciteraient la convoitise, si elles refusaient de se voiler.
Comment remédier à cette conception problématique de la femme ?
- Le voilement du corps de la femme musulmane revient à l’exclure de l’espace public. Elle lui fait porter toute la responsabilité de la « pureté » de l’homme.
- Il est aussi l’expression d’une angoisse masculine (pathologique?) face au corps de la femme, angoisse susceptible de le conduire à agresser celles qui ne portent pas le voile.
- Pour dédramatiser les rapports entre hommes et femmes, il faut que les femmes puissent évoluer dans l’espace publique sans voile, et que l’on considère cela comme normal. Sans cela, leur situation n’évoluera pas et les hommes continueront de les regarder comme de redoutables tentatrices qu’ils doivent exclure du domaine publique.
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Notes
- 1Sunane Abu Dawoud n°4104
- 2Grand savant et philosophe musulman ayant vécu en Andalousie à l’époque de « l’islam des lumières », ministre de la justice pendant quarante ans à Cordoue
- 3Bidayatoul Moujtahid Wa Nihayatoul Mouqtasid vol 1 p 224.
- 4Sahih Muslim, Livre du Mariage, Hadith numéro 2.