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Peut-on interpréter le Coran?

Peut-on interpréter le Coran? Cette question est fondamentale! En Occident, ceux que les versets violents du Coran dérangent la posent. Ils voudraient adapter le message de leur texte pour le rendre compatible avec le concept de « vivre ensemble ».

L’idée de certains est la suivante: puisque la Bible est interprétée de plusieurs manières, pourquoi le Coran ne le serait-il pas ?

Pour répondre à cette question, nous devons prendre en compte ce que le Coran lui-même enseigne à ce sujet. Relevons que cet enseignement est accepté par la très grande majorité du monde musulman, tant sunnite que chiite. Ceux qui le remettent en cause sont très minoritaires et n’ont pas de crédibilité auprès des autorités religieuses musulmanes. Nous y reviendrons plus loin.

Quel est cet enseignement?

Le Coran est la Parole incréée, éternelle, inaltérable et explicite d’Allah

Reprenons ces divers points successivement:

a) une Parole incréée

Le Coran était auprès d’Allah de toute éternité. Il existait avant qu’il ne soit transmis à Mahomet par l’ange Gabriel. Mahomet n’a donc joué aucun rôle dans l’élaboration et la rédaction du Coran. Il s’est contenté de réciter les paroles transmises, de les diffuser et, avec ses compagnons et disciples, de les faire appliquer dans ce monde:

S26, V192-195: Ce (Coran) ci, c’est le Seigneur de l’univers qui l’a fait descendre, et l’Esprit fidèle (l’ange Gabriel) est descendu avec cela sur ton coeur, pour que tu sois du nombre des avertisseurs, en une langue arabe claire.

Rappelons que la Bible a été écrite par des hommes inspirés par le Saint-Esprit, dans leur propre langue. Il y avait donc une oeuvre divine et en même temps une oeuvre humaine: en effet, les auteurs ont écrit avec leurs propres mots, selon leurs propres schémas de pensée. Cela explique les styles si divers d’un livre à l’autre de la Bible. Cela explique aussi pourquoi il faut faire tout un travail d’analyse pour comprendre quelle était la signification des mots utilisés et quelle était la manière de penser des auteurs.

Pour le Coran, rien de tout cela. Ce qui a été transmis à Mahomet est l’exacte réplique du Coran existant auprès d’Allah:

S43,V 2-5: Par le livre explicite! Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous raisonniez. Il est auprès de nous, dans l’écriture-Mère (l’original du ciel), sublime et rempli de sagesse.

Le Coran est donc la copie conforme d’un original, l’ « écriture-Mère », conservé auprès d’Allah.

Les conséquences de ce qui vient d’être dit sont les suivantes:

– Le Coran est le même partout dans le monde musulman.

– Il ne peut être lu et récité que dans la langue arabe, pour qu’il n’y ait aucun risque de divergences dans la traduction. C’est pourquoi la prière rituelle, composée surtout de versets coraniques, n’est valide que si elle est dite en arabe.

– Il ne peut être ni critiqué ni modifié puisqu’il est « divin ».

– Critiquer et mépriser le Coran, c’est blasphémer contre Allah lui-même.

b) Une parole éternelle et inaltérable

Le Coran précise qu’il n’y aura aucun changement à la Parole d’Allah et aux prescriptions qu’il a instaurées:

S17, V77 (Allah s’adresse à Mahomet): Telle fut la règle appliquée par Nous à nos messagers que nous avons envoyés avant toi. Et tu ne trouveras pas de changement en notre règle.

On retrouve cette même affirmation dans S48,V23:

Tu ne trouveras jamais de changement à la règle d’Allah. (Voir aussi: S33, V60-62; S35, V42-43 et S10,V63-64).

c) Une parole explicite

Dans le Coran, Allah insiste à maintes reprises sur le fait que les versets et les prescriptions qu’il a révélés à son prophète Mahomet sont explicites et d’une grande clarté. Ils ne nécessitent pas d’autres explications.

(S7, V52) : Nous leurs avons, certes, apporté un Livre dont nous avons détaillé les versets, en toute connaissance, à titre de guide et de miséricorde pour les gens qui croient.

(S11, V1) : C’est un Livre dont les versets sont parfaits en style et en sens, émanant d’un Sage, parfaitement Connaisseur.

(S12, V1) : Tels sont les versets du Livre explicite.

(S15, V1) : Voici les versets du Livre qui sont d’une lecture explicite.

S2, V2: C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux.

Le Coran a été révélé à un Prophète et à un peuple d’illettrés ne possédant aucun livre

L’ensemble des musulmans est d’accord sur ce fait: la première fois que Mahomet vit l’ange Gabriel, celui-ci ordonna: « Lis! » et Mahomet répondit: « Je ne sais pas lire ». A cette époque, les Arabes ne possédaient pas de livre et ils avaient une écriture très archaïque et défectueuse: il n’y avait ni voyelles, ni signes pouvant différencier les consonnes. Les seuls livres qui existaient étaient la Thora, les Psaumes et l’Evangile. C’est sans doute pour cela que le Coran appelle les Juifs et les chrétiens les gens du Livre.

Le Coran parle de Mahomet comme du Prophète illettré annoncé dans la Thora et l’Evangile (S7, V157). Un peu plus loin, il dit ceci: Croyez donc en Allah, en son messager, le Prophète illettré qui croit en Allah et en ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés.

Pour comprendre le Coran, le prophète Mahomet et ses compagnons ou disciples n’avaient pas besoin de connaître les autres livres. Tout était contenu dans le Coran. Ils n’avaient pas besoin de savants, de sages ou de ceux qui connaissaient les livres antérieurs pour comprendre le Coran.

Les musulmans n’ont même pas besoin de connaître la Bible:

S5,V15: Ô gens du Livre (les chrétiens et les Juifs)! Notre Messager (Mahomet) vous est certes venu, vous exposant beaucoup de ce que vous cachiez du Livre, et passant sur bien d’autres choses! Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d’Allah.

Lire aussi: Qu’est-ce que le Coran?

Mahomet est le modèle à suivre

Si, malgré tout, les prescriptions n’étaient pas suffisamment claires, le musulman peut se référer aux explications données par Mahomet dans ses paroles (les Hadiths) et ses actes (la Sirat):

S33,V21: Vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier, et invoque Allah fréquemment.

Mahomet a mis en pratique l’enseignement du Coran dans le premier Etat islamique. Si un musulman veut comprendre cet enseignement, il doit donc étudier soigneusement la vie de Mahomet et se joindre à cette confession: Nous avons entendu et nous avons obéi (S24.V51). Le texte continue ainsi: Et quiconque obéit à Allah et à son Messager, et craint Allah et le redoute…alors, voilà ceux qui récoltent le succès (V52).

L’abrogeant-abrogé

Même si le Coran précise qu’il n’y a pas de changement dans la Parole d’Allah, le lecteur est bien obligé de constater qu’il y a dans le texte des contradictions. Celles-ci sont expliquées par la nécessité d’une révélation progressive au cours de la vie de Mahomet. Il en est de même pour le médecin qui adapte son traitement en fonction de l’évolution de son patient.

S2, V106: Dès que nous abrogeons un verset ou dès que nous le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable.

S13, V39: Allah efface ou confirme ce qu’il veut. La Mère du Livre se trouve auprès de lui.

Logiquement, les versets les plus anciens du Coran doivent être considérés comme abrogés par les plus récents. C’est pourquoi une chronologie des « révélations » a été faite dès les débuts de l’islam, permettant notamment de distinguer les sourates mecquoises (610-622 après J.C) des sourates médinoises (622-632).

Des essais de réinterprétation du Coran

A notre époque, et ceci principalement dans le monde occidental, des chercheurs remettent en question le dogme du Coran incréé, éternel, inaltérable et explicite. Ils estiment que ce dogme bloque tout processus d’adaptation du Coran à la civilisation moderne.

Des savants appliquent donc au Coran les mêmes techniques d’étude historico-critiques que celles utilisées pour la Bible. C’est ainsi que l’on étudie l’histoire du Coran, sa composition et sa rédaction, ainsi que le milieu géopolitique dans lequel il a été élaboré.

Ces recherches conduisent à diverses compréhensions du Coran. Elles permettent entre autres de prendre du recul par rapport aux textes qui dérangent.

Rappelons toutefois que ces travaux ne sont pas validés par les communautés religieuses sunnites et chiites. Ils n’ont aucune autorité. N’oublions pas également que Mahmoud Taha (1919-1985) a été pendu à Khartoum pour apostasie en raison de sa remise en question de certains dogmes coraniques. Il pensait notamment que les sourates mecquoises devaient abroger les sourates médinoises jugées trop violentes et incompatibles avec la société actuelle moderne. L’université d’El-Azhar, autorité reconnue dans le monde sunnite, a approuvé cette condamnation à mort.

Tant que le dogme du Coran incréé subsistera, l’interprétation de ce texte restera figée.

L’Europe croit qu’une évolution sera possible et que l’islam pourra s’adapter à la société occidentale; en réalité, elle se leurre. Les recherches menées en Occident ne vont jamais influencer le monde musulman. C’est en fait le contraire qui se produit.

Lire aussi: L’interprétation du Coran selon le Coran et en islam

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