En ce qui concerne le sacrifice d’Abraham, le Coran ne cite pas explicitement le nom d’Isaac, ni celui d’Ismaël. Il précise seulement que c’est l’enfant de la « bonne nouvelle » qu’Abraham a présenté en sacrifice à Dieu (Al Bushrat).
Sourate 37, versets 101-107
Nous (Allah) annonçâmes à Abraham la bonne nouvelle de la naissance d’un garçon longanime.
Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses”. (Isaac) dit : “Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants”.
Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front, voilà que Nous l’appelâmes “Abraham ! »
« Tu as confirmé la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants”.
C’était là certes, l’épreuve manifeste.
Et Nous le rachetâmes par un sacrifice immense.1
Dans d’autres passages, le Coran précise que l’enfant de la « bonne nouvelle » est Isaac. Il n’est jamais fait mention d’Ismaël, en tant que « bonne nouvelle » annoncée à Abraham :
Sourate 11, versets 69-71
Et Nos émissaires sont, certes, venus à Abraham avec la bonne nouvelle, en disant : “Salam ! ”. Il dit : “Salam ! ”, et il ne tarda pas à apporter un veau rôti.
Puis, lorsqu’il vit que leurs mains ne l’approchaient pas, il fut pris de suspicion à leur égard et ressentit de la peur vis-à-vis d’eux. Ils dirent : “N’aie pas peur, nous sommes envoyés au peuple de Lot”.
Sa femme (Sarah) était debout, et elle rit alors ; Nous lui annonçâmes donc (la bonne nouvelle de la naissance d’) Isaac, et après Isaac, Jacob.2
Sourate 37, versets 112-113
Nous (Allah) lui annonçâmes la bonne nouvelle de la naissance d’Isaac comme prophète parmi les vertueux. Nous lui accordâmes la bénédiction ainsi qu’Isaac. (Sourate 37, verset 112-113 )3
En prenant en compte ces versets, il semble que les exégètes des premiers siècles de l’islam considéraient que le sacrifice d’Abraham concernait Isaac, l’enfant de la « bonne nouvelle » (Al Bushrat).
Ce n’est que plus tard que les savants musulmans ont désigné Ismaël comme l’enfant du sacrifice.
Enfin, je voudrais signaler le verset qui conclut le passage du Coran consacré au sacrifice d’Abraham. En parlant de l’enfant qui devait être sacrifié, le Coran précise :
Sourate 37, verset 107
« Et Nous (Allah) le rachetâmes par un sacrifice immense. »4
Ce verset semble faire allusion au sacrifice de Jésus. Dans son sens littéral, il pose un problème aux savants musulmans, qui ne peuvent pas affirmer qu’il s’agit du sacrifice de Jésus, mais disent que le « sacrifice immense » désignait l’agneau qui venait du Paradis et qui n’était pas un agneau ordinaire.
Pour poursuivre la réflexion, lire Un malentendu nommé Abraham et Comment comprendre le sacrifice d’Isaac
Notes:
- 1فَبَشَّرْنَاهُ بِغُلامٍ حَلِيمٍ فَلَمَّا بَلَغَ مَعَهُ السَّعْيَ قَالَ يَا بُنَيَّ إِنِّي أَرَى فِي الْمَنَامِ أَنِّي أَذْبَحُكَ فَانظُرْ مَاذَا تَرَى قَالَ يَا أَبَتِ افْعَلْ مَا تُؤْمَرُ سَتَجِدُنِي إِن شَاء اللَّهُ مِنَ الصَّابِرِينَ فَلَمَّا أَسْلَمَا وَتَلَّهُ لِلْجَبِينِ وَنَادَيْنَاهُ أَنْ يَا إِبْرَاهِيمُ قَدْ صَدَّقْتَ الرُّؤْيَا إِنَّا كَذَلِكَ نَجْزِي الْمُحْسِنِينَ إِنَّ هَذَا لَهُوَ الْبَلاء الْمُبِينُ وَفَدَيْنَاهُ بِذِبْحٍ عَظِيمٍ
- 2وَلَقَدْ جَاءَتْ رُسُلُنَا إِبْرَاهِيمَ بِالْبُشْرَى قَالُواْ سَلامًا قَالَ سَلامٌ فَمَا لَبِثَ أَن جَاءَ بِعِجْلٍ حَنِيذٍ فَلَمَّا رَأَى أَيْدِيَهُمْ لاَ تَصِلُ إِلَيْهِ نَكِرَهُمْ وَأَوْجَسَ مِنْهُمْ خِيفَةً قَالُواْ لاَ تَخَفْ إِنَّا أُرْسِلْنَا إِلَى قَوْمِ لُوطٍ وَامْرَأَتُهُ قَائِمَةٌ فَضَحِكَتْ فَبَشَّرْنَاهَا بِإِسْحَاقَ وَمِن وَرَاء إِسْحَاقَ يَعْقُوبَ
- 3وَبَشَّرْنَاهُ بِإِسْحَاقَ نَبِيًّا مِّنَ الصَّالِحِينَ وَبَارَكْنَا عَلَيْهِ وَعَلَى إِسْحَاقَ
- 4وَفَدَيْنَاهُ بِذِبْحٍ عَظِيمٍ