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Un « islam suisse » est-il possible?

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12 avril 2024

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Un « islam suisse » est-il possible? Poser cette question suppose quelques difficultés. Ces difficultés sont-elles de nature superficielle ou fondamentale ? C’est ce que la suite de ce texte veut établir.

 

Dans l’expression « islam suisse », l’adjectif « suisse » renvoie au fondement religieux et aux principes constitutionnels sur lesquels s’est construit notre pays. Cela revient à demander si les préceptes fondamentaux de l’islam peuvent s’harmoniser avec nos valeurs essentielles. Quelques rapides observations permettent de s’en faire une première idée.

Principes fondamentaux d’une société islamique

  • Pas de séparation entre le religieux et le politique.
  • Le Coran, en tant que Parole éternelle d’Allah, est valable en tout temps et en tous lieux. De ce fait, il est source de loi. La souveraineté de définir la gouvernance et de légiférer appartient donc au seul Allah. D’où l’interdiction de la démocratie, de la laïcité et de la liberté religieuse.
  • Les préceptes coraniques à caractère discriminatoire sont institutionnalisés en tant que lois officielles dans les législations des pays musulmans.
  • Les discriminations au sein de la société musulmane (voir les législations des pays musulmans) concernent d’abord la femme. Contrairement à celui de l’homme, l’islam juge le corps de la femme impudique et source d’égarement pour le croyant. D’où la nécessité de le cacher. Autres discriminations: la polygamie, le mariage forcé des mineures et la répudiation. Ajoutons l’inégalité dans l’héritage, la question des homosexuels, des enfants nés hors mariage, des femmes célibataires, et des apostats…
  • Les discriminations à caractère raciste envers les non musulmans. Le Coran et la Sunna (la tradition en tant que règles à suivre) du Prophète commencent par déshumaniser les non musulmans. Ils les qualifient de « pires créatures », de « bestiaux », de « chiens » etc. Ils les considèrent indignes de profiter des bienfaits d’Allah sur cette terre. Le musulman a le droit de les exploiter à son service. Pour cela, il faut les combattre et les terroriser. C’est la base du Jihad, prescription importante d’Allah dans l’islam.

Un autre « projet de société »

Dans l’idéal, l’islam se présente comme un projet de société où le politique a pour mission d’imposer la charia en recourant à tous les moyens appropriés (ruse, menaces, violence…) afin d’établir un « règne de justice » où les non-musulmans vivront soumis à la règle de l’islam.

Un tel islam est-il concevable en Suisse ? À cette question, un responsable engagé dans le dialogue avec les musulmans et dans la reconnaissance des associations musulmanes vaudoises, a, en substance, répondu :

  • La notion même « l’islam suisse » est inconciliable avec les bases fondamentales de l’islam.
  • Il serait nécessaire d’inclure dans la formation des imams le respect des lois suisses et le renoncement aux préceptes violents, haineux ou discriminatoires.
  • Ce n’est pas aux chrétiens ou aux laïques d’enseigner aux imams ce qu’est l’islam véritable sinon on porte atteinte au respect de la liberté religieuse (ce point semble contredire le précédent).
  • La plus grande partie des pays où l’islam est majoritaire, rejette les valeurs dites occidentales.

Une double impossibilité

Les réflexions de ce responsable mettent en évidence une double impossibilité :

  • Les préceptes fondamentaux de l’islam interdisent toute « mise à jour » de cette doctrine religieuse pour en faire une religion comme on le comprend en Occident.
  • Nos autorités politiques, en vertu de la séparation des pouvoirs, ne sont pas habilitées à modifier les croyances et les prescriptions de l’islam pas plus que celles des autres religions. Par contre, à la différence des autres religions, l’islam se donne une légitimité politique.

Nos autorités traitent néanmoins l’islam comme s’il s’agissait d’une religion pareille aux autres. Ce faisant, elles s’imposent de respecter le principe de séparation du religieux et du politique quand elles ont affaire aux musulmans. L’islam, par contre, ignore une telle distinction et cherche à en tirer avantage.

Voir: Islam, une « religion » comme le christianisme?

Comment répondre à ce « projet de société » ?

Actuellement, les autorités suisses autorisent les imams qui exercent dans notre pays à se former dans les instituts universitaires des pays musulmans (comme Al Azhar en Égypte [1], l’Institut islamique de Médine). L’enseignement qu’ils y reçoivent concorde parfaitement avec les points susmentionnés. Ce cursus universitaire comprend la mémorisation du Coran et son exégèse (explication du sens littéral et non interprétation ou contextualisation), la Sunna du Prophète, le culte (les cinq piliers de l’islam), la jurisprudence et le Droit musulman ainsi que les principes du Jihad. Par conséquent, une formation donnée en Suisse qui se conformerait à nos lois serait contraire à l’islam.

Comment résoudre ce problème ?

Privilégier l’intégration de la communauté musulmane en Occident ?

Pour que cette intégration ait lieu, il faudrait que les associations musulmanes s’engagent à ne plus enseigner ni mettre en pratique les lois musulmanes contraires aux lois du pays. Est-ce vraiment possible quand on sait qu’en Allemagne, les quelques mosquées qui n’enseignent que la partie du Coran compatible avec la législation allemande, reçoivent des menaces de mort. Pour les associations musulmanes, il y a consensus pour enseigner le Coran dans sa totalité.

Appliquer la laïcité ?

Dans son principe, la laïcité assure à chaque « croyant » la liberté de pratiquer sa religion dans les limites des valeurs et lois dont doit répondre tout citoyen.

La laïcité ne prévient cependant pas tous les abus. Par exemple, la loi affirme l’égalité de l’homme et de la femme ainsi que celle de tous les citoyens devant la loi. Mais ces principes sont contournés dans nos pays où la législation n’est pas basée sur l’islam.

Deux exemples de ces détournements

  • La loi interdit les mariages polygames. Pourtant, cette loi est contournée. Comment ? En célébrant ces mariages à la mosquée et en ne déclarant que la première épouse à l’état civil. Les autres seront déclarées aux services sociaux comme familles monoparentales.
  • L’enseignement des incitations à la haine raciste, à la violence et aux discriminations est strictement interdit. Pourtant, cet enseignement se fait en toute impunité dans le cadre de l’enseignement coranique dans chaque mosquée suisse.

Conclusion

Le défi civilisationnel que constitue l’islam pose la question de l’avenir que nous voulons pour notre société. Si nous refusons son « projet de société », nous sommes responsables d’expliquer pourquoi une « société ouverte » nous paraît plus saine pour tous ses membres, musulmans inclus. Si elle est plus saine, c’est qu’elle s’est construite sur de meilleurs fondements. Nous devons donc défendre ces fondements et demander aux citoyens – aux musulmans en particulier – de les respecter. Il faut promouvoir et défendre ces fondements comme les plus respectueux de la dignité humaine et les plus bénéfiques pour tous. Il faut combattre, idéologiquement, les discours et, légalement, les pratiques qui prétendent le contraire.

Parmi les actions nécessaires, celles qui portent sur l’information et l’éducation nous paraissent prioritaires. Les trois points suivants suggèrent quelques « avenues » que pourrait emprunter ce travail d’information (et de formation qui doit suivre) :

  • Informer les autorités et les membres des partis politiques du fait que l’islam porte en lui un « projet de société » hostile au nôtre. Nous sommes collectivement responsables d’en prendre conscience et de mettre en œuvre les mesures de préservation nécessaires;
  • Informer les enseignants de tous les niveaux d’études, les médias et le grand public du caractère fondamentalement antisémite de l’islam et de son projet de placer le monde entier sous sa domination ;
  • Informer le grand public du fait que l’islam usurpe le qualificatif de « religion abrahamique » pour dissimuler un projet politique totalitaire.

Cet article a traité de l’islam en tant que doctrine, c.-à-d. de l’islam tel qu’il est enseigné dans la totalité du monde musulman, sunnite et chiite, ainsi que dans les mosquées et instituts islamiques d’Occident. Comme c’est le cas avec d’autres religions, on rencontre des musulmans pratiquants et d’autres qui sont, de fait, des « musulmans culturels ». Ces derniers s’intègrent généralement bien en Suisse. Ce n’est souvent pas le cas des seconds qui sont déchirés entre deux conceptions irréconciliables de la société.

Note

[1] Voir les explications données par le Président du prestigieux institut Al Azhar, la principale référence dans le monde sunnite, sur la position que l’islam occupe dans la société.

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