Dans un Etat de droit, il est convenu que l’Etat ne juge pas les croyances, considérées comme privées. Il n’intervient que lorsque des personnes contreviennent à la loi. En restreignant ainsi son pouvoir, l’Etat préserve une valeur essentielle des démocraties modernes : la liberté pour chacun d’avoir ses propres convictions. Mais cette liberté est elle-même le fruit d’un consensus sur le caractère « sacré » de la personne humaine, un héritage chrétien de l’Etat laïc.
Bénéficiaire de cet héritage, l’Etat laïc ne peut logiquement subsister qu’en respectant les normes morales qui l’accompagnent. Or, on reproche actuellement à des chrétiens de divers bords, de s’opposer à la reconnaissance de l’islam comme une religion semblable aux autres. Il faut donc revenir sur la nature de cet héritage. Alors même que l’Europe officielle ne se considère pas chrétienne, il continue de sous-tendre nos sociétés.
Un héritage à conserver
Si une société libre n’est possible – comme le laisse entendre le récit biblique – que fondée sur l’idée de dignité de chaque personne et sur sa responsabilité vis-à-vis d’autrui et de la création, on admet implicitement la nécessité d’un ordre moral. Les Dix commandements et le Sermon sur la Montagne fournissent cet « ordre » dont a besoin une société humaine pour fleurir. A l’inverse, tout ce qui s’oppose à ce référent menace directement le fonctionnement cohérent de toute société fondée sur lui. En effet, imaginer qu’on puisse ajouter à ce référent une liste interminable de valeurs contraires ne peut qu’affaiblir cette société.
Une autre vision du monde
Aux musulmans qui demandent qu’on leur reconnaisse les mêmes droits qu’aux autres communautés religieuses, il faut rappeler un fait: la société musulmane idéale se fonde sur un « référent » qui exige l’abdication de l’individu. Au sommet de cet ordre il y a l’homme musulman, soumis à Allah. Viennent ensuite, par ordre décroissant de valeur, la femme musulmane, puis les juifs et les chrétiens. Quant aux païens, ils ne méritent pas de vivre puisqu’ils sont idolâtres. Dans ce système, l’être humain doit se soumettre au credo musulman qui n’admet aucun questionnement sur la personne d’Allah. Il demande à chaque individu de se conformer au cadre pré-pensé de la charia. Allah, seul législateur légitime, exclut la notion même de liberté de croyance et de pensée. Ce système considère les non-musulmans, parce qu’ils ne croient pas en Allah, comme ennemis des musulmans.
Lire: Quelle place pour l’islam?
Lire aussi: Pourquoi l’islam s’oppose-t-il à l’Etat constitutionnel?
Des limites à la liberté de s’exprimer?
Pour éviter le piège de la chasse aux sorcières, les États occidentaux s’interdisent de juger les convictions et croyances personnelles de leurs citoyens. Néanmoins, certains États enfreignent ce principe quand il s’agit de l’antisémitisme. Longtemps, les librairies n’avaient pas le droit de vendre Mein Kampf. En effet, on surveille les partis nazis et les négationnistes de la Shoah font l’objet de procès. On cherche ainsi à éviter tout ce qui pourrait conduire à la banalisation et à l’oubli d’une telle tragédie. On a vaincu le nazisme dans sa forme historique. Son esprit est néanmoins capable de multiples réincarnations et c’est pourquoi les Etats veillent.
Conquérir ou disparaître
Le Coran, faut-il le redire, appelle lui-même au rejet des Juifs et des chrétiens. Il les décrit comme les « pires des créatures ». Il appelle les musulmans à ne pas faire confiance et à ne pas prendre pour amis des non-musulmans. Il promeut le contre-modèle de société musulmane. La Stratégie de l’Action Islamique Culturelle à l’extérieur du Monde islamique illustre parfaitement ce point. Oeuvre de l’ISESCO (Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture) la Conférence islamique au sommet de Doha l’a adoptée en 2000.
Si le Coran présente l’islam comme la seule religion agréée par Allah, les musulmans comme la meilleure des communautés, et la soumission du monde à sa loi comme condition de la paix universelle, l’islam a, de fait, vocation à conquérir le monde pour Allah. Ibn Khaldum, au 14ème siècle, bien avant Al-Qaïda et DAECH, l’a dit très simplement : « Dans la communauté musulmane, la guerre sainte est un devoir religieux parce que l’islam a une mission universelle et que tous les hommes doivent se convertir de gré ou de force ».
Une question demeure …
Les musulmans doivent donc répondre à une question: comment conçoivent-il de faire société avec les non-musulmans dans les pays qui les accueillent ? La réponse officielle des associations musulmanes est de répéter qu’elles ont pris l’engagement de se conformer aux lois du pays. Mais que vaut un tel engagement quand la mosquée répète à ces mêmes musulmans que la charia prévaut sur les lois humaines et que le Coran et certaines organisations islamiques – les Frères musulmans, par exemple – les pressent d’œuvrer à la transformation des sociétés où ils vivent pour y imposer progressivement leurs normes islamiques?