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Le Dieu de la Bible est-il violent?

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5 avril 2019

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L’islam nous présente Allah comme « le Miséricordieux ». Toutefois, Il ordonne que le monde entier lui soit soumis par la conversion, qu’elle soit obtenue par la persuasion ou la force. Quant au Dieu de la Bible, on nous dit qu’il est tout aussi violent qu’Allah. Qu’en est-il exactement ?

Résumé

L’Ancien Testament est la révélation de Dieu à travers l’histoire d’un peuple. Dieu a fait alliance avec Israël et lui a donné un territoire dont il s’est emparé avec son aide. La violence qu’a impliqué cette conquête fut limitée à un temps et un espace géographique particuliers.

Nation au même titre qu’une autre, Israël avait ses autorités, ses lois et son armée pour se défendre des ennemis. En participant aux guerres de son peuple, Dieu n’accrédite pas la violence comme un mode d’action ordinaire mais Il en reconnaît parfois la nécessité face à la violence des méchants.

Le Nouveau Testament met en lumière le plan de Dieu pour le salut des hommes par la foi en Jésus. Loin de tout ambition politique, Jésus a instauré un Royaume qui n’est pas régi par les principes du monde. Il n’a ni territoire, ni armée. Il est spirituel et doit s’étendre au monde entier. L’amour de Dieu pour les hommes est son principe vital, amour qui fait naître chez ceux qui le reçoivent de l’amour pour Dieu et pour le prochain. Dans ses relations avec les autres, Jésus n’a jamais répondu à la violence par la violence. Il a toujours cherché à maintenir ou rétablir une saine relation entre les personnes.

 Le Dieu de la Bible n’est pas neutre vis-à-vis du comportement des hommes. Lorsqu’il se présente à Moïse, il dit: « L’Eternel est un Dieu de grâce et de compassion, lent à la colère, riche en bonté et en vérité. Il garde son amour jusqu’à mille générations, il pardonne la faute, la révolte et le péché, mais il ne traite pas le coupable en innocent … » (Exode 34.5-7). L’Eternel est un Dieu d’amour, de bonté et de vérité. Lorsqu’Il juge et punit, c’est pour sanctionner l’injustice des hommes. Il est un juste juge (Psaumes 7.12).

Néanmoins, Dieu n’exerce pas seul la justice. Il a confié aux autorités la responsabilité de faire respecter la justice civile afin d’assurer à tous une vie sociale paisible et équitable. A plusieurs reprises, Dieu a puni son peuple parce qu’il bafouait cette justice.

LA VIOLENCE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Dans cette partie de la Bible, Dieu se manifeste comme le Créateur du ciel et de la terre, terre dont il a confié la gérance à l’homme. Mais, après s’être rebellé contre son créateur, l’homme a rempli la terre de violence. Au lieu de se retirer, Dieu a choisi un homme, Abram, à qui il a promis de donner une nombreuse descendance et un territoire. De cette descendance, Dieu a formé un peuple par qui il a décidé de libérer les hommes de la violence. Sur ce thème complexe de la violence, l’Ancien Testament nous fournit un ensemble de récits qui montrent que Dieu seul peut éradiquer ce mal que le péché de l’homme a introduit dans le monde.

La violence liée à la création du peuple d’Israël

Dieu combat Pharaon pour libérer son peuple

Pour libérer les Israélites de leur esclavage en Egypte, Dieu inflige à ce pays une succession d’épreuves. Au cours des cinq premières, Pharaon lui résiste malgré les prodiges qui frappent son pays. Face à son entêtement, Dieu rend le coeur de Pharaon encore plus obstiné pour que la gloire de son intervention soit encore plus manifeste. Ce n’est qu’après la dixième « plaie » qui provoque la mort des premiers-nés des Egyptiens que Pharaon consent à laisser partir le peuple. La violence de Dieu a ici une cause évidente : l’endurcissement du cœur de Pharaon.

Mais lorsque Pharaon comprend ce qu’il perd en laissant partir les Hébreux, il envoie son armée à leur trousse. Résolu à sauver son peuple, Dieu engloutit l’armée égyptienne dans la mer Rouge. Ce prodige aura pour effet d’avertir les nations cananéennes qu’elles doivent changer de vie (Exode 15. 14-16) si elles veulent ne pas à leur tour avoir à subir le jugement de Dieu.

Dieu anéantit l’armée de Pharaon 

Anciens esclaves devenus nomades, les Israélites doivent « apprendre la liberté » et devenir une nation. Les défis sont considérables. La fin de leur séjour de quarante ans dans le désert est plein d’embûches. Des peuples leur refusent le passage tandis que d’autres les attaquent. Néanmoins, Dieu n’est pas loin et se mêle à ces combats pour permettre à son peuple de subsister.

Seulement, l’ennemi n’est pas qu’extérieur, il est aussi intérieur. A ces combats défensifs s’ajoutent la lassitude, la peur de manquer du nécessaire, le désir de s’enrichir au détriment de la communauté (Josué 7), la contestation des leaders (Nombres 16), le désir d’un retour en Egypte (Exode 16), etc. Soucieux de préserver son alliance avec Israël, Dieu réprime fermement ces récriminations et continue à se révéler à l’humanité à travers son peuple.

Dieu ordonne aux Israélites de conquérir le pays de Canaan

Dieu a promis à Abraham de donner à ses descendants le pays de Canaan où ils pourraient vivre en paix. Mais diverses tribus, dont les pratiques idolâtres ont provoqué la colère de Dieu, l’occupaient Avant donc de pouvoir s’établir sur cette terre, les Israélites ont dû en chasser les habitants (livre de Josué) en menant une guerre offensive contre eux.. Cette guerre a constitué un jugement contre ces populations qui, alors que les Hébreux vivaient en Egypte, avaient porté leur péché à son paroxysme. (Genèse 15.16).

Dieu a donné aux Israélites la terre de Canaan, un espace géographiquement limité. Il ne leur a pas ordonné de conquérir la terre entière et de la soumettre par les armes. D’ailleurs, il ne soutiendra cette conquête que dans la mesure où les Israélites respecteront ses directives.

La violence dans la littérature poétique

Il y a dans les Psaumes, cette partie poétique de la Bible, des écrits d’une extrême violence. On parle de psaumes d’imprécation (voir Ps 52.6 ; 69.23-29 ; 83). Leurs auteurs y expriment la violence que chacun peut ressentir face à la méchanceté, à l’injustice ou à la barbarie des ennemis.

Il faut cependant noter que cette violence est exprimée devant Dieu et à Dieu, ce qui permet de ne pas la faire subir à ceux qui la provoquent. La leçon qui ressort de ces Psaumes, c’est qu’il n’est pas bon de réprimer la violence de nos émotions mais qu’il est possible de s’en décharger auprès de Dieu pour ne pas la traduire en actes destructeurs.

La Loi comme sanction et frein à la violence

Dieu a donné à son peuple des lois morales et civiles. L’amour du prochain est au fondement des lois morales (Lévitique 19.18). Parmi les lois civiles, la loi du talion est la plus connue. En prescrivant: « œil pour œil, dent pour dent », elle implique un recours à la violence mais son but est de limiter le désir de vengeance. Elle indique qu’à chaque offense, il faut une punition équivalente au dommage subi. C’est un progrès par rapport à la notion de vendetta qui entraînait une escalade des représailles. Beaucoup de nations se sont inspirées de ce système.

Il faut cependant reconnaître que dans les faits, ces lois ont continuellement été ré-interprétées, surtout celles qui prévoyaient la peine capitale. Elles ne seront que rarement appliquées. Le rabbin orthodoxe Aryeh Kaplan écrit à ce sujet : « En pratique, ces peines ne sont presque jamais invoquées et existaient principalement comme un moyen de dissuasion et afin d’indiquer la gravité des péchés pour lesquels elles ont été prescrites. Les règles sévères codifiées dans la Torah afin de protéger l’accusé ont de fait rendu impossible l’application de ces sanctions, le système pénal pouvant devenir brutal et barbare à moins d’être administré dans une atmosphère de la plus haute moralité et piété. Lorsque ces normes ont diminué dans le peuple juif, le Sanhédrin a volontairement aboli ce système de sanctions. ».

Précisons également que les lois de l’Ancien Testament sont destinées à la nation d’Israël qui les a acceptées et non au monde entier.

La puissance militaire pour se protéger de la violence des ennemis

Comme nation, les Israélites avaient besoin d’une armée au même titre que les autres peuples pour protéger leur population et leurs frontières. Si Dieu a manifesté son amour protecteur pour Israël et jugé ses ennemis, il ne l’a pas non plus épargné lorsqu’il est devenu désobéissant. Israël a alors été exposé aux violences de ses ennemis, comme lors de sa déportation à Babylone (597 à 481 av. J.-C). (Cette violence divine peut préfigurer le jugement dernier durant lequel le juste juge jugera chaque homme).

En résumé, on peut dire que les Israélites n’ont jamais usé de violence guerrière pour imposer leur foi et leur loi à d’autres peuples. Les guerres qu’ils ont menées ont toutes eu un lien avec la conquête du territoire que Dieu leur avait promis ou avec sa défense.. Au 2ème siècle av. J.-C., la révolte des Macchabées a éclaté pour libérer le pays des envahisseurs et pour purifier le temple. La révolte du 1er siècle ap. J.-C. a eu le même but. Les Israélites n’avaient pas pour mission d’étendre leur royaume au monde entier ni d’imposer la Loi à tous. Ils devaient seulement servir de modèle aux autres nations.

Lire: L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Lire aussi: Les disciples imitent-ils toujours leurs maîtres?

LA VIOLENCE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT

Le Nouveau Testament met en évidence deux formes de violence particulières : la violence verbale de Jésus et les jugements que Dieu exerce dans le livre de l’Apocalypse.

La violence de Jésus

Face aux religieux qui se focalisaient sur les détails de la Loi et des traditions humaines tout en oubliant la justice, la bonté, et la fidélité (Matthieu 23), Jésus exprime parfois sa plus vive indignation. On le voit, par exemple, lorsqu’il expulse violemment les vendeurs du Temple pour rappeler que c’est un lieu de prière et non « une caverne de voleurs » (Matthieu 21. 12-17).

En condamnant la religiosité avec ses dérives, Jésus montre que les pratiques religieuses ne permettent pas une vraie relation avec Dieu. Elles ne font que satisfaire l’égo humain au détriment de Dieu et du prochain. La Loi n’a plus la même place que dans l’Ancien Testament et, surtout, les sanctions envisagées en cas de désobéissance changent complètement. L’histoire de la femme adultère en est un bel exemple (Jean 8.3-11).

Des Juifs amènent à Jésus une femme adultère qui, d’après la Loi, devait être lapidée. Jésus, qui connaissait l’état d’esprit de ces hommes, leur répond simplement: « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». A ces mots, ces hommes se retirent les uns après les autres en laissant Jésus seul avec cette femme. Ce qu’il lui dit alors rompt radicalement avec la Loi: « Je ne te condamne pas non plus; va et ne pèche plus ».

Dans l’Ancien Testament, la lapidation avait pour but de dissuader les Israélites de pécher, mais elle détruisait des vies. Désormais, sans minimiser la gravité du péché, Jésus accorde à la femme adultère un sursis afin qu’elle puisse se repentir, changer de vie et mettre sa foi en Lui. Il instaure ainsi un régime nouveau qui ne se limite pas au peuple d’Israël mais dont Jésus veut qu’il englobe toutes les nations, toutes les races et toutes les tribus de la terre.

Après sa mort sur la croix et sa résurrection, Jésus est monté au ciel auprès de Dieu qui lui a remis la direction du Royaume. Jésus règne ainsi depuis le ciel par l’action du Saint-Esprit sur un royaume spirituel. Les principes du Royaume s’opposent à ceux du monde sans Dieu. « Tu aimeras ton Dieu et ton prochain comme toi-même » en est l’expression la plus achevée (Matthieu 22. 37-38).

L’Evangile affirme que tous les hommes sont pécheurs et séparés de Dieu. En mourant sur la croix, le Christ a fait le nécessaire pour réconcilier les hommes avec leur Créateur. Il leur a donné la preuve suprême de l’amour de Dieu pour eux.

Recourir aux armes et tuer au nom de Jésus, c’est donc trahir l’enseignement et l’action de Jésus qui prône l’amour plutôt que la violence (Matthieu 5-7). Si un homme nuit à une personne ou la tue en se réclamant de Jésus, il contredit absolument et outrageusement sa vie et son message.

La violence dans la littérature apocalyptique

Le dernier livre de la Bible anticipe les jugements que Dieu exercera dans la période précédant le retour de Christ. Ces jugements n’appartiennent qu’à Lui et seront manifestés au temps qu’il jugera utile. Il faut toutefois noter que ces jugements violents sanctionnent les comportements injustes des hommes et leur révolte contre Dieu. Ces jugements contre la Terre et les hommes peuvent être compris comme des mesures disciplinaires visant à conduire les hommes à changer d’attitude et à se tourner vers Dieu.

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