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La grâce divine, dans la Bible et le Coran

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7 septembre 2018

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La grâce divine, ce concept biblique majeur, a plusieurs sens qu’on ne comprend pas hors de l’Eglise. L’usage courant qu’on fait de ce terme ne couvre plus ses multiples significations bibliques. Pourtant, ce concept fondamentale distingue la foi chrétienne de toutes les autres religions. 

La question se pose donc: la grâce divine se manifeste-t-elle dans le Coran et l’islam? Si oui, en quoi ressemble-t-elle et en quoi diffère-t-elle du concept biblique? Et, partant de ces similitudes et différences, quels sont les points de contact possibles pour transmettre le message biblique de la grâce aux musulmans?

La grâce dans l’Ancien Testament

La notion de «grâce» semble moins présente dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. Des passages tels que Jean 1:17 (« La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ») et Romains 6:14 (« le péché n’aura pas de pouvoir sur vous, puisque vous n’êtes pas sous la loi mais sous la grâce») semblent confirmer un préjugé commun. Dieu, dans l’Ancien Testament, serait un Dieu de colère alors qu’il serait un Dieu d’amour dans le Nouveau. Cette impression est erronée. En réalité, tout au long du récit biblique, Dieu est un Dieu de grâce. L’histoire du salut commence en effet dans le premier livre de la Bible. Là, Dieu manifeste sa grâce salvatrice envers l’humanité, grâce que Jésus, Fils de Dieu et Sauveur, manifestera dans sa plénitude au temps voulu par Dieu.

L’impression que l’Ancien Testament manifeste moins la grâce de Dieu vient de certaines traductions de la Bible. Le mot hébreu «hesed», est le terme théologique la plus important de l’Ancien Testament. Il revient 245 fois pour exprimer la « grâce ». Il a de nombreuses significations, dont «grâce». Dans la traduction grecque la plus célèbre de l’Ancien Testament, la Septante, Jérôme a systématiquement traduit «hesed» par « eleos », que certaines versions de la Bible rendent par «miséricorde». « poule », le deuxième terme hébreu pour « grâce », n’apparaît que 69 fois dans l’Ancien Testament. On l’a traduit par « charis » en grec et «grâce» en français.

Dieu a clairement manifesté sa grâce salvatrice dans l’Ancien Testament. Il l’a fait en explusant Adam et Eve du paradis, en libérant les enfants d’Israël de l’esclavage en Egypte et en envoyant ses prophètes pour préparer l’avènement de Jésus-Christ. Il ressort de ces différents usages que le terme hébreu «hesed» a davantage de nuances de sens que le mot «grâce» en français. Selon le contexte, on le traduit par « faveur imméritée », « bonté », « bienveillance », « amour », « loyauté », « grâce » et « miséricorde ». «Miséricorde» est peut-être la traduction la plus complète. Elle englobe en effet toutes les autres variantes de sens. Ainsi le terme «grâce» qu’emploient les auteurs de l’Ancien Testament renvoie simultanément à la grâce commune de Dieu et à sa grâce salvatrice envers les individus et les peuples. Il est important de le comprendre afin de discerner les ressemblance et les différences entre le concept coranique de la grâce et son pendant biblique.

La grâce dans le Nouveau Testament

Les écrivains néotestamentaires ont hérité de l’Ancien Testament cette notion clé de la « grâce ». Elle ancre le message du Nouveau Testament dans l’histoire du salut et ses nombreuses significations sont contenues dans le mot « charis ». Ce terme est encore plus riche de sens que le terme hébreu «hesed». Lelon le contexte, on le rend par «faveur», «bonne volonté», «faveur imméritée», «bonté», «miséricorde», «grâce» ou «don». Les auteurs du Nouveau Testament l’ont employé 155 fois. C’est Paul qui a fait l’usage le plus intensif de ce mot pour présenter le don immérité de la rédemption par Jésus-Christ. Dieu, le Père, est source de cette grâce salvatrice que son Fils a manifestée par sa mort sacrificielle. Christ, le Sauveur, accorde le don du salut.

La richesse de la grâce de Dieu s’exprime dans sa miséricorde envers les gens, dans le pardon de leurs péchés (Éphésiens 1:7), dans le don de la vie éternelle (Romains 6:23) et dans l’exercice de dons spirituels (1 Corinthiens 1:7). L’expression «la bonté de Dieu» paraphrase le « hesed» de l’Ancien Testament et le « charis » du Nouveau Testament. La grâce imméritée de la rédemption manifeste particulièrement bonté de Dieu. Ainsi, en plus de la grâce commune de Dieu, un individu peut bénéficier de sa grâce salvatrice. C’est ce qui distingue clairement le concept biblique de la grâce (en particulier néotestamentaire ou chrétien) du concept coranique.

Lire aussi: La grâce de Dieu

La grâce dans le Coran

À première vue, il semble y avoir un certain nombre de similitudes entre christianisme et islam. Cependant, des différences fondamentales apparaissent dans leur concept respectif de Dieu et de la grâce qui émane de lui. La Bible et le Coran décrivent Dieu comme bon. En parlant de la faveur d’Allah, de sa grâce et de sa bonté, le Coran utilise des mots dérivés des racines arabes RDW, FDL, LTF et N’M.

La grâce du Dieu très miséricordieux

Selon le Coran, Dieu manifeste sa «grâce» par les bénédictions spirituelles et matérielles qu’il accorde aux êtres humains. Allah est celui qui toujours donne (sourate 3:6; 38:8; 52:28). Il manifeste sa grâce commune dans la création de l’homme et de toutes les autres créatures, y compris les anges (sourate 15:29-35; 17:72; 38: 71-85). De plus, le Coran souligne à maintes reprises que Dieu est « miséricordieux », la « somme de tout ce qui est bon. » Chaque sourate – à l’exception de la sourate 9 – commence par la formule «Au nom du Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ». Sourate 7:156 dit même «Ma miséricorde embrasse tout ».

Cette grâce commune de Dieu, sa bonté et sa bienveillance envers la création fait ressortir un parallèle avec la notion biblique de la grâce commune de Dieu. En vertu de sa grâce commune, il «fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes» (Matthieu 5:45 ).

Le Dieu du Coran n’aime que les justes

Une comparaison avec la Bible met bien en évidence le fait que le Coran parle de la grâce et de la miséricorde d’Allah, même de son «amour» (3:31). Mais ces attributs ne correspondent pas à son essence. Ils ne constituent pas le coeur du message coranique. Il est vrai que Dieu est miséricordieux envers qui il veut. Cependant, l’essentiel du message coranique tient dans l’affirmation qu’il n’y a qu’un seul Dieu, tout puissant et éternel (tauhid). Le Coran rappelle que Dieu «n’aime» que les justes et qu’il ne guide que ceux qui font sa volonté. Il est l’ennemi de ses ennemis, et les ingrats n’ont rien à attendre de Lui sinon sa colère et son jugement. En d’autres termes, Allah n’aime pas les injustes, les incrédules, les transgresseurs et les malfaiteurs.

Le Dieu de la Bible manifeste son amour au pécheur

Par contre, la Bible ne laisse aucun doute sur le fait que l’homme n’est sauvé que par la grâce de Dieu, par le moyen de la foi en Jésus-Christ (Romains 3:23-24). A travers la mort de Jésus, la grâce de Dieu est devenue manifeste, alors que les êtres humains étaient encore «pécheurs» et «ennemis» de Dieu (Romains 5:6.8.10). En islam, un tel pardon est inconcevable. Selon le Coran, Dieu ne peut pardonner que si l’homme a fait le premier pas, que s’il est devenu un croyant et obéit à Allah (surtout s’il pratique les «cinq piliers» de l’islam).

La Bible parle également de l’assurance du salut (1 Jean 5:12), alors que le croyant musulman ne peut qu’espérer gagner le paradis par ses bonnes œuvres. En définitive, il n’y a dans le Coran ni histoire du salut ni assurance du salut. L’Islam rejette en effet l’idée que l’homme ait besoin d’être sauvé de la puissance du péché. D’après la conception coranique de l’homme, les êtres humains sont faibles, mais bons. Ils n’ont donc besoin que d’être guidés.

Selon la Bible, l’homme est au contraire «disposé au mal dès sa jeunesse » (Genèse 8:21). Il lui faut donc passer par la régénération de son cœur. Il ne lui faut rien moins que naître de nouveau. Et cette nouvelle naissance n’est possible qu’en vertu d’une initiative de Dieu et de sa grâce salvatrice. C’est uniquement de cette façon que les pécheurs peuvent être rachetés.

Lire: Jésus, Parole de Dieu dans le Coran

Allah ne se confond pas avec Dieu

On voit donc qu’Allah ne se confond pas avec Dieu le Père, lui qui a manifesté sa grâce salvatrice à travers la mort sacrificielle de son Fils sur la croix. Allah ne s’est pas fait homme et ne s’est pas donné sur la croix pour sauver les perdus. En islam, l’homme est en partie responsable de son propre salut. Chaque être humain est seul devant Allah (sourate 6:164) et n’a pas besoin d’un rédempteur.

Pourant, en dépit de toutes ses bonnes œuvres, le musulman n’a jamais l’assurance du salut. L’expression «si Allah le veut » rappelle en effet que l’incertitude demeure. Par conséquent, la grâce salvatrice de Dieu (et non sa grâce commune) est le point distinctif de la conception chrétienne de la grâce. D’après elle, en effet, personne ne peut se sauver par ses propres efforts. Tout dépend au contraire de la bonté et de la grâce imméritée de Dieu que Christ a manifestées par sa mort, grâce salvatrice toujours en opération.

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