L’un des premiers musulmans avec qui j’ai parlé de l’Evangile m’a dit, sur un ton de reproche : » L’Église a caché l’ « Évangile de Barnabé »! Jusqu’au concile de Nicée en l’an 325 après. J.-C, il faisait partie de l’Injil (Nouveau Testament), mais ensuite, l’Église l’a supprimé ».
Mon interloctueur m’a affirmé qu’on peut y lire que Jésus a prédit la venue du prophète Muhammad. Cet Evangile raconterait la véritable histoire de la vie de Jésus-Christ. Mais les chrétiens l’ont caché parce qu’il représente Jésus comme le prophète que décrit le Coran.
Peut-être avez-vous déjà entendu ce genre de question, ou vous êtes-vous vous-même posé la question. Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de cet « évangile ». Je n’ai donc pas pu répondre à la question de cet ami musulman. « Tu vois, m’a-t-il dit alors, ton ignorance est la preuve que l’Église l’a supprimé. »
Piqué au vif, j’ai voulu savoir si l’ « Évangile de Barnabé » était authentique ou non. Sur Internet, j’en ai trouvé une copie et j’ai commencé à l’étudier. Voici ce que j’ai découvert.
L’HISTOIRE DE L' »EVANGILE DE BARNABE »
George Sale publia sa traduction du Coran en anglais en 1734, et dans l’introduction, il mentionnait l’ « Évangile de Barnabé ». Il écrivit qu’il en existait une traduction en espagnol (qui n’existe plus, mis à part quelques extraits), et une en italien. Celle-ci se trouvait dans la bibliothèque du Prince Eugène de Savoie. Dans la préface de la version italienne, on pouvait lire qu’un moine catholique dénommé Fra Marino (1590) avait trouvé l’« Évangile de Barnabé » dans la bibliothèque du Pape Sixte V. Le moine s’était emparé du livre, l’avait lu et s’était converti à l’islam.
D’après Sale, la manière dont l’ « Évangile de Barnabé » raconte la vie de Jésus est très différente de celle des quatre Évangiles de la Bible; par de nombreux aspects, cet Évangile concorde avec le Coran et le Hadith:
– Jésus nie qu’il est le Fils de Dieu (Évangile de Barnabé, chapitre 70)
– Judas est crucifié à la place de Jésus (Évangile de Barnabé, chapitre 216)
– Jésus annonce la venue de Muhammad (Évangile de Barnabé, chapitre 112)
Sale ne pensait pas que ce livre soit un véritable Évangile.
En 1907, Lonsdale et Laura Ragg publient la traduction en anglais de l’ « Évangile de Barnabé ». Pour eux aussi, il s’agissait d’un faux « Évangile ». En 1973, pour la première fois, le monde musulman a eu accès à leur traduction. Depuis, le Pakistan seul en a imprimé 100 000 exemplaires environ. Traduit et diffusé en arabe et en d’autres langues, il a fait sensation parmi les musulmans. Ils croyaient avoir enfin mis la main sur un document – d’origine chrétienne! – prouvant que Jésus est le Issa Al-Massih de l’islam et que Muhammad est le prophète d’Allah qui avait été annoncé.
LES PREUVES QUI MONTRENT QUE L' »EVANGILE DE BARNABE » N’EST PAS AUTHENTIQUE
De nombreux musulmans pensent que les chrétiens ne rejettent l’ « Évangile de Barnabé » qu’à cause de son caractère islamique. Il existe cependant des raisons internes et externes qui constituent une base bien plus solide pour justifier ce rejet.
1. Il est impossible que Barnabé en ait été l’auteur
Les musulmans disent que la rédaction de l’ « Évangile de Barnabé » remonte au premier siècle ap. J.-C. Il serait l’oeuvre d’un juif qui voyageait avec Jésus. Il s’agirait donc d’un véritable Évangile.
Si l’on en croit le contenu du livre, c’est l’un des douze apôtres de Jésus qui l’aurait rédigé. Néanmoins, le Barnabé que mentionne le Nouveau Testament n’apparaît qu’après la mort et la résurrection de Jésus. Voici ce que nous lisons dans la Bible: Joseph, surnommé par les apôtres Barnabé, ce qui signifie fils de consolation, Lévite, originaire de Chypre, vendit un champ qu’il possédait, apporta l’argent, et le déposa aux pieds des apôtres (Injil, Actes 4:36-37).
Ce sont donc les apôtres qui ont nommé cet homme Barnabé. Dans la liste des apôtres que Jésus a choisis (Matthieu 10:2-4 et Luc 6:14-16), son nom ne figure pas. On ne le trouve pas davantage dans le reste des quatre Evangiles.
L’ « Évangile de Barnabé » contredit pourtant ce fait, puisqu’il affirme que Jésus a appelé Barnabé par son nom en diverses occasions, comme c’est le cas dans l’exemple qui suit: Jésus répondit :«Ne t’attriste pas, Barnabé, car ceux que Dieu a choisis avant la création du monde, ne périront pas! Réjouis-toi parce que ton nom est inscrit au livre de la vie.» (Évangile de Barnabé, chapitre 19).
Jésus n’aurait pas pu appeler Barnabé par son nom puisqu’il l’a reçu seulement un certain temps après la montée de Jésus au ciel! Voici une preuve supplémentaire qui montre que Barnabé n’a pas écrit ce livre :
2. Les erreurs linguistiques, historiques et géographique
Si Barnabé avait vraiment été l’auteur du livre, il aurait dû connaître les aspects essentiels de la vie juive à son époque. Etait-ce le cas ?
a. Christ
Le mot χριστός (Christ) est la traduction en grec du mot hébreu מָשִׁיח (Messie). En français, on traduit ces deux mots par le terme l’Oint. Ce mot n’est pas rare, c’est l’un des mots le plus utilisé par les juifs et les chrétiens. Un juif religieux comme le Barnabé de la Bible n’aurait pas pu l’ignorer.
Jésus est appelé le Christ au tout début de l’« Évangile de Barnabé »: « Dieu nous a visités, ces jours passés, par son Prophète Jésus Christ » (prologue). Néanmoins, dans ce livre, Jésus nie à plusieurs reprises être le Messie:
« Jésus confessa et dit la vérité : ‘Je ne suis pas le Messie.’ » (chap. 42). Comment Jésus pouvait-il être le Christ et nier être le Messie alors que les deux termes signifient exactement la même chose? L’auteur de ce livre ne savait pas que le mot grec Christ signifie Messie. Le vrai Barnabé était hébreu, il connaissait le grec et n’aurait pas pu commettre cette erreur.
b. Les dirigeants du premiers siècle après J.-C.
Dans le chapitre 3 du livre, nous lisons qu’Hérode et Pilate régnaient sur la Judée à l’époque de la naissance de Jésus: « En ce temps-là, Hérode régnait en Judée par décret de César Auguste; Pilate était gouverneur (…). » Historiquement, c’est une erreur. Pilate ne détenait pas le pouvoir lorsque Jésus est né. C’était le roi Hérode qui régnait seul à ce moment là, après avoir pris le pouvoir en 37 av. J.-C.¹, jusqu’à sa mort en 4 av. J.-C. Pilate est arrivé au pouvoir trente ans après, en 26 ap. J.-C, jusqu’en 36 ap. J.-C. Les historiens attestent que le roi Hérode et Pilate n’ont jamais dirigé la Judée en même temps.
Si le vrai Barnabé, qui vivait à l’époque où Pilate détenait le pouvoir, était l’auteur de ce livre, comment a-t-il pu commettre une erreur aussi basique?
c. La géographie
Dans les chapitres 20-21, on lit que Jésus s’est rendu à Nazareth en bateau et que les marins qui y vivaient l’ont accueilli. Il quitte ensuite Nazareth pour remonter vers Centapernaüm. Après, Jésus se rend à la mer de Galilée. Là, il monta dans une barque qui l’emmena à Nazareth, sa ville. (…) Arrivés à Nazareth, les marins remplirent la ville du récit de ce que Jésus avait fait. (…) Jésus monta à Capharnaüm (chap. 20-21).
Jésus rendait souvent visite à Nazareth et Capernaüm, ses disciples devaient donc bien connaître ces villes. L’auteur de ce livre, lui, ne les connaissait pas! Nazareth n’était pas un village de pêcheurs, il s’agissait d’un village niché dans les contreforts d’une chaîne de montagnes à 14 km de la mer de Galilée! Le village pêcheur où Jésus s’est rendu avec ses disciples, c’est Capernaüm et non Nazareth. De toute évidence, l’auteur de ce livre n’aurait pas commis de telles erreurs s’il avait été un disciple de Jésus. En fait, il n’a peut-être même pas vécu dans cette région.
Quelles conclusions pouvons-nous en tirer? On trouve dans l’ « Évangile de Barnabé » des fautes basiques à propos de la langue, de l’histoire et de la géographie du monde juif au premier siècle ap. J.-C. Ces erreurs laissent supposer que Barnabé n’a pas écrit ce livre au premier siècle.
3. Un livre écrit au Moyen-Âge
De nombreux éléments prouvent que ce faux « Évangile de Barnabé » date du quinzième siècle. Dans leur introduction à cet « évangile », les Raggs, affirmaient que ce document datait du Moyen-Âge. D’après eux, c’était l’oeuvre d’un apostat du christianisme2, qui aurait écrit entre le XIIIe et le XVIe siècle.
M. Khalil Saada, qui a traduit en 1908 l’ « Évangile de Barnabé » en arabe, écrit dans son introduction:
‘Tous les historiens s’accordent à dire que l’ « Évangile de Barnabé » est une oeuvre du Moyen-Âge’. Fait surprenant, cette introduction a disparu des exemplaires publiés par la suite. Les faits suivants démontrent que la rédaction de cet « évangile » date d’une époque postérieure à celles de Jésus et de Muhammad:
a. Les nauscrits
Les documents les plus anciens dont nous disposons sont rédigés en italien et en espagnol et datent du XVe siècle, ou après.
b. L’année du jubilé
Au temps de Moïse, Dieu commanda aux juifs d’observer l’année du jubilé tous les cinquante ans:
Et vous sanctifierez la cinquantième année, vous publierez la liberté dans le pays pour tous ses habitants: ce sera pour vous le jubilé; chacun de vous retournera dans sa propriété, et chacun de vous retournera dans sa famille. La cinquantième année sera pour vous le jubilé: vous ne sèmerez point, vous ne moissonnerez point ce que les champs produiront d’eux-mêmes, et vous ne vendangerez point la vigne non taillée. (la Torah, Lévitique 25: 10-11)
En l’an 1300, le pape Boniface VIII déclara que l’année du jubilé serait célébrée tous les cent ans, ce qui est faux. Après sa mort, son successeur, le pape Clément VI ordonna qu’elle soit de nouveau célébrée tous les cinquante ans. Il y a donc eu au cours de l’histoire une période durant laquelle de nombreuses personnes pensaient que l’année du jubilé avait lieu tous les cent ans. Dans l’« Évangile de Barnabé », Jésus prononce les paroles suivantes: « Au temps du Messie, Messager de Dieu, cette nuit sera le jubilé, chaque année, chaque année alors qu’elle revient maintenant tous les cent ans. » (chap. 82)
L’auteur de l’« Évangile de Barnabé » a donc involontairement accepté et inclus dans ce livre l’inexact décret du pape. Par conséquent, il a dû vivre au temps du pape Boniface VIII, ou après.
Existe-t-il d’autres preuves qui montrent que la rédaction de l’« Évangile de Barnabé » date du XIVE ou XVE siècle? Oui, il y en a.
c. L’influence de Dante
Dante était un poète célèbre et populaire qui vivait au quatorzième siècle, à peu près au même moment que le pape Boniface. Dans l’oeuvre de Dante, on trouve un poème appelé la Divine Comédie, dans lequel Dante décrit son ascension au dixième ciel, le paradis, en passant par neuf autre ciels. L’influence de Dante est manifeste dans de nombreux passages de l’« Évangile de Barnabé ». Il est par exemple question de neuf ciels à propos desquels l’auteur affirme, tout comme Dante, que le paradis est plus grand que tous ces ciels réunis.
«Le paradis est si grand qu’aucun homme ne peut le mesurer. Je te le dis en vérité, il y a neuf cieux entre lesquels se trouvent les planètes. Ils sont éloignés l’un de l’autre de cinq cents années de marche. (…) Eh bien, je te le dis en vérité, la terre et le ciel ensemble sont par rapport au paradis comme un grain de sable en comparaison de toute la terre. » (chap. 178)
On voit donc que l’auteur s’est inspiré de l’idée des neuf ciels de Dante.
Voir: A-t-on vraiment falsifié la Bible ?
4. L’Evangile de Barnabé contredit certains principes de l’islam
L’ « Évangile de Barnabé », par de nombreux aspects, concorde avec les principes de l’islam, mais il en contredit certains.
a. Qui est le Messie – Jésus ou Muhammad ?
Dans Jean 1:20 (Injil), Jean Baptiste déclare qu’il n’est pas le Messie. L’auteur de l’ « Evangile de Barnabé », lui, fait dire à Jésus la même chose en utilisant presque les mêmes mots: Jésus confessa et dit la vérité : « Je ne suis pas le Messie. (…) Je suis vraiment envoyé par Dieu à la maison d’Israël, comme prophète de salut, mais après moi viendra le Messie » (chap. 42 et 82) (…) Le pontife dit alors : «Comment s’appellera le Messie ? » (…) Jésus répondit (…): « Muhammad est son nom béni. » (chap. 97)
Il s’agit en fait d’un faux pas de la part de l’auteur de l’ « Évangile de Barnabé », puisque le Coran (ainsi que la Bible) enseigne que Jésus seul est le Messie. Le Coran n’a jamais prétendu que Muhammad est le Messie: « En vérité, Dieu t’annonce la bonne nouvelle de Son Verbe. Son nom est le Messie Jésus fils de Marie » (Coran 3:40, E.Montet).
b. La naissance de Jésus
Dans le Coran, nous lisons que Marie a enfanté Jésus dans la douleur: « Et (Marie) le conçut et elle se retira avec lui dans un lieu écarté. Les douleurs de l’enfantement la prirent auprès du tronc d’un palmier. » (Coran 19:22-23, E. Montet).
Néanmoins, l’ « Évangile de Barnabé » enseigne le contraire: « La vierge fut environnée d’une immense splendeur et elle enfante son fils sans douleur » (chap.3). C’est une affirmation qui va à l’encontre à la fois de la Bible et du Coran. En faisant écho aux croyances catholiques du Moyen-Âge, cet « Évangile » trahit l’époque de sa rédaction.
c. Les ciels
Selon le Coran, il y a sept ciels: « Les sept cieux et la terre, ainsi que tout ce qui s’y trouve, célèbrent ses louanges » (Coran 17:46, E. Montet). L’ « Évangile de Barnabé » quant à lui affirme qu’il en existe neuf: « Je te le dis en vérité, il y a neuf cieux entre lesquels se trouvent les planètes. Ils sont éloignés l’un de l’autre de cinq cents années de marche » (chap. 178).
d. La fin des temps
Alors que le Coran affirme que les hommes vivront jusqu’au jour du Jugement, lorsque la trompette sonnera (Sourate 80:37), l’ « Évangile de Barnabé » déclare que tous les hommes et tous les êtres vivants mourront le treizième jour de la période qui précède la fin des temps (chap. 53).
e. La mort des anges
D’après l’auteur de l’ « Evangile de Barnabé », « les saints anges mourront et Dieu seul restera vivant » (chap. 53) au moment de la période qui précède le jour du jugement. Le Coran en revanche ne mentionne jamais la mort des anges, il enseigne en fait que le jour du jugement, huit anges porteront le trône d’Allah (Sourate 69:17).
f. Les femmes
Le mariage tel que le Coran le définit lie une femme à un homme, mais pas nécessairement un homme à une femme. Le Coran autorse les musulmans à avoir plusieurs épouses (Coran 4:3) ainsi qu’un nombre illimité de servantes (Coran 70:30). Néanmoins, l’ « Évangile de Barnabé » reprend l’idée biblique du mariage: la femme et l’homme sont liés de la même manière par le mariage. « Que l’homme se contente donc de l’épouse que son créateur lui a donnée et qu’il oublie toute autre! » (chap. 115)
5. Les contradictions
A bien des égards, l’ « Evangile de Barnabé » contredit la Bible et le Coran, mais il se contredit également lui même. J’ai déjà mentionné le passage qui décrit Jésus comme étant le Christ, mais pas le Messie. En voici un autre, celui où Jésus prédit sa mort.
Dans le chapitre 193, l’auteur relate sa propre version du moment où Jésus ressuscite son ami Lazare d’entre les morts. Vers le milieu du chapitre, nous pouvons lire: Arrivé au sépulcre où chacun pleurait, Jésus dit : » Ne pleurez pas, car Lazare dort et je suis venu le réveiller! » Les pharisiens disaient : » Plaise à Dieu que tu dormes de cette manière-là ! » Jésus dit alors : » Mon heure n’est pas encore venue, mais quand elle viendra, je m’endormirai de la même manière et je serai vite réveillé. « Jésus dit encore : » Enlevez la pierre du sépulcre ! »
En d’autres termes, Jésus affirme qu’il va mourir puis ressusciter d’entre les morts quelques jours plus tard, tout comme Lazare. Comment Jésus peut-il annoncer sa mort alors qu’aux chapitres 216 et 217 de l’ « Évangile de Barnabé », nous lisons que c’est Judas qui est arrêté et crucifié à sa place?
6. Les écrits des premiers enseignants de l’Eglise ne le mentionnent nulle part
Aucun auteur chrétien, entre le IIe et le XIVe siècle, ne mentionne l’« Évangile de Barnabé ». S’ils avaient reconnu son authenticité, ils n’auraient pas manqué de le citer, comme les autres livres de la Bible. Si cet « Évangile », authentique ou pas, avait seulement existé, quelqu’un y aurait certainement fait référence. Or, pendant près de 1 500 ans, personne n’en a jamais rien dit !
7. Les premiers écrits islamiques ne le mentionnent pas
Aujourd’hui, les apologètes musulmans utilisent beaucoup l’ « Évangile de Barnabé « . Mais aucun commentateur musulman ne le mentionne avant le XVe ou XVIe siècle. S’il avait existé avant, il ne fait guère de doute qu’ils s’en seraient servi. De nombreux écrivains musulmans tels que Ibn Hasm (d. 456 A.H.), Ibn Taimiyyah (d. 728 A.H.), and Hajji Khalifah (d. 1067 A.H.) s’y seraient référés pour étayer leur doctrine. D’autre part, les polémistes chrétiens et musulmans qui ont âprement débattu entre le VIIe et le XVe siècle n’auraient pas manqué de le citer .
8. Les érudits musulmans modernes le rejettent
Il n’y a plus grand chose qui permette aux musulmans de continuer à croire que l’ « Évangile de Barnabé » est un Évangile authentique qui serait en accord avec le Coran et la tradition islamique. Il n’est pas étonnant que de nombreux érudits musulmans aient récemment rejeté le livre, le qualifiant de faux. Ils ont compris qu’affirmer que ce livre a une origine divine est une entrave à la cause que sert l’islam.
Selon l’encyclopédie arabe, connue sous le nom d’encyclopédie arabe simplifiée [elle a été réalisée sous la direction d’érudits musulmans célèbres, puis publiée en 1965 au Caire par la maison d’édition Dar Al-kalam], p.354:
Le livre de Barnabé est un faux Évangile rédigé par un européen au Moyen-Age. De plus, on trouve de graves erreurs dans le récit qu’il fait de la situation politique et religieuse telle qu’elle prévalait à Jérusalem au temps de Jésus. Le livre affirme que Issa proclamait ne pas être le Christ mais qu’il était venu afin d’annoncer la bonne nouvelle de la venue de Muhammad qui serait le Christ.
Personne ne peut croire à la fois en l’ « Evangile de Barnabé » et en le Coran, car celui qui adhère à cet « Évangile » ne peut être ni un véritable musulman, ni un véritable chrétien. Il est donc logique que le grand professeur moderne Dr. Abbas Mahmoud Al Aqqad, qui enseignait auparavant à l’université islamique Al Azhar Al Sharif, déconseille aux musulmans de lire ce faux « Évangile ». Ce professeur disait -et les faits lui donnent raison- que l’ « Évangile de Barnabé » a un effet tout aussi destructeur, si ce n’est plus, sur l’islam que sur le christianisme (lisez par exemple son article paru le 26/10/1959 dans le journal d’information Al-Akhbar).
Qui est l’auteur de l' »Evangile de Barnabé »?
La grande question qui s’impose est donc la suivante: qui est l’auteur de ce livre? Nous avons vu que l’auteur ne maîtrisait pas la langue, l’histoire et la géographie du temps de Jésus; nous avons vu également que le livre contenait plusieurs idées datant du quatorzième siècle et que les preuves fournies par les manuscrits remontent au quinzième siècle au plus tôt. On peut donc logiquement en conclure que l’ « Évangile de Barnabé » a été écrit au quatorzième siècle ap. J.-C et non au premier siècle par un disciple de Jésus. Dans ce cas, qui en est l’auteur?
Il s’agit probablement d’un apostat du christianisme. Selon certains, l’auteur pourrait être un musulman espagnol. Forcé de se convertir au christianisme par l’inquisition espagnole, il se serait vengé en créant un « Évangile » islamique. D’autres suggèrent que le moine catholique Fra Marino – pour se venger du pape Sixte V qui l’avait disgrâcié, se serait converti à l’islam. Il aurait ensuite fabriqué le manuscrit et inventé l’histoire de sa « découverte ».
Le mystère demeure entier quant à l’auteur de ce livre. Ce qui est certain, c’est que Barnabé n’a pas pu l’écrire.
Conclusion
Cet article s’est borné à ne mentionner que quelques-unes des raisons que nous avons de rejeter l’« Évangile de Barnabé ». C’est l’oeuvre d’un faussaire. Les personnes qui l’ont lu et continuent de l’utiliser pour discréditer le récit biblique de la vie de Jésus sont aussi coupables que son auteur. Les seuls véritables récits de la vie de Jésus dont nous disposons se trouvent dans le Nouveau Testament. Ils disqualifient complètement ceux de l’ « Évangile de Barnabé ».
Notes
¹ Dans Luc 23:7, il est question d’un autre Hérode, qui régnait au temps de la mort de Jésus. Ce n’est pas le même que le roi Hérode qui régnait quand Jésus est né.
2 Ndt: Personne ayant renié la foi chrétienne
Source: http://www.jesus-islam.fr