Le « délit de blasphème » a existé bien avant la naissance de l’islam. La Loi de Moïse ordonnait de lapider les blasphémateurs. Les auteurs de cet article font néanmoins ressortir qu’en tuant les blasphémateurs, les islamistes1 ignorent deux points capitaux, à savoir que le blasphème est une insulte faite à Dieu, et non à un homme (Mahomet), et que Jésus a abrogé la peine de mort pour les blasphémateurs.
La loi mosaïque condamne le blasphème
Plus de 2000 ans avant la naissance de l’islam, Moïse promulguait de la part de Dieu un ensemble de lois destinées à structurer le peuple d’Israël et le faire vivre et prospérer. Certaines étaient très sévères et préconisaient la peine de mort pour des délits graves, tel justement le blasphème contre Dieu. On trouve dans le livre du Lévitique (24.16) le texte suivant :
« Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu ».
Le chapitre 13 du Deutéronome reprend cette même idée en précisant un peu mieux en quoi consiste le blasphème. Il est parlé de maudire Dieu, de détourner les Israélites de leur Dieu en les encourageant à servir d’autres dieux. Nous n’en savons pas plus.
L’Ancien Testament ne nous dit pas si cette loi a été mise en pratique ou non, hormis l’exemple donné en Deutéronome 13. En revanche, le Nouveau Testament montre qu’elle était bien présente dans l’esprit des religieux du temps de Jésus. Ceux-ci menacèrent Jésus de le lapider parce que, selon eux, il blasphémait en se prétendant Fils de Dieu. Le tribunal juif, le Sanhédrin, condamna Jésus à mort pour le même motif. Peu de temps après la mort et la résurrection du Christ, Etienne fut lapidé parce qu’il voyait Jésus debout à la droite de Dieu. Ce meurtre déclencha une vague de persécutions contre les chrétiens à Jérusalem.
Le Coran condamne le blasphème
Il est possible que le Coran se soit inspiré de cette loi mosaïque pour établir les peines à l’encontre des blasphémateurs. Il faut noter cependant une déviation de taille : la condamnation ne concerne plus uniquement le blasphème contre Dieu, mais également celui contre son prophète Mahomet, donc contre un être humain.
Le Coran promet aux blasphémateurs un châtiment douloureux (sourate 9.61), la malédiction et un châtiment avilissant d’Allah ici-bas et dans l’au-delà (sourate 33.57). Ces gens sont décrits comme des mécréants et des criminels qu’il faut combattre (sourate 9.12) et châtier (sourate 9.65-66).
Les jurisconsultes musulmans, dans leur très grande majorité, ainsi que les quatre écoles de jurisprudence (Hanafite, Malikite, Chafi’ite et Hanbalite), ont précisé que ce châtiment devait être la peine capitale.
Ils se sont sans doute aussi basés sur l’exemple du Prophète Mahomet. Celui-ci demanda un jour à ses disciples : « Qui est prêt à tuer Ka’b Ibn Al Ashraf parce qu’il a offensé Allah et son Prophète ? » Aussitôt, quelques disciples allèrent tuer et décapiter le blasphémateur. Mahomet a prononcé la fatwa et des disciples l’ont exécutée.
Un autre point important doit être mentionné : le Coran occulte complètement l’enseignement de Jésus sur le blasphème. C’est étonnant au vu des titres élogieux qu’il attribue à Jésus, considéré comme Parole d’Allah, destiné à une mission exceptionnelle, un homme sans péché et capable de faire des miracles.
Jésus a mis fin à la loi mosaïque sur le blasphème
Revenons au temps de Jésus.
Alors que Jésus vient de guérir un démoniaque aveugle et muet, des religieux l’accusent de chasser les démons par Béelzébul, le prince des démons. L’accusation est très grave! Néanmoins, Jésus prend la peine de leur expliquer le non-sens de leur propos et finit par ces mots :
« Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné.
Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir ». (Matthieu 12.31-32)
Jésus, le Fils de Dieu, ne demande aucune sanction contre ceux qui le traitent de « serviteur de Satan ». Il envisage même le pardon pour eux… De plus, il ne limite pas cette affirmation à ses interlocuteurs, mais il l’étend à tous. Manifestement, il abroge ainsi la loi mosaïque sur le blasphème. Désormais, il n’appartient plus à des hommes d’appliquer une quelconque sanction contre une personne qui blasphème.
Doit-on alors comprendre que le blasphème est devenu licite ? Jésus ne répond pas à cette question, mais il place ses auditeurs devant une autre réalité, celle de leur relation personnelle avec Dieu. Blasphémer contre le Saint-Esprit, c’est mépriser et refuser l’action du Saint-Esprit qui vient rendre réelle dans le cœur du croyant la présence et l’oeuvre du Christ ressuscité. Blasphémer contre le Saint-Esprit, c’est se priver de la vie divine et se condamner soi-même à une mort spirituelle certaine. Ce n’est donc plus la société qui condamne le blasphémateur, mais c’est ce dernier qui se condamne lui-même.
Le Coran ne tient pas compte de cet enseignement et fait tout le contraire ! Il persiste dans une voie légaliste qui est dépassée depuis deux mille ans.
Note
- 1Les « islamistes » sont compris ici comme les musulmans radicaux qui obéissent fidèlement aux textes fondateurs de l’islam.