Au cours de leurs prières quotidiennes, les musulmans récitent la Fatiha dix-sept fois. C’est dire l’importance de cette sourate pour leur piété. L’auteur de cet article porte son attention surtout sur les deux derniers versets.
Dans le commentaire qu’il en donne, Béchir ben Hassen porte particulièrement son attention sur les versets six et sept où les musulmans adressent à Allah la requête suivante :
« Guide-nous vers le chemin droit. Le chemin de ceux que tu as comblés de ta grâce (les musulmans). Non le chemin de ceux qui ont suscité ta colère (les Juifs), ni celui des égarés (les chrétiens). »
Beaucoup considèrent cette prière comme aussi importante que le Notre Père que les apôtres ont appris de Jésus. Mais le rapprochement de ces deux invocations fait ressortir de substantielles différences.
Deux réalités distinctes
Dans le christianisme, Jésus se présente comme le « chemin » qui mène à Dieu. Par son enseignement et son sacrifice, il a en effet rendu possible le rétablissement d’une relation entre l’homme et Dieu. Cette relation est fondée sur l’amour que Dieu nous a manifesté et sur celui que nous lui portons en retour. L’homme entre dans cette relation, librement, à l’invitation de Dieu. Dieu n’a créé ni État, ni police ni tribunaux pour immédiatement juger ceux qui refuseraient son offre.
L’islam, par contre, impose la soumission aux commandements d’Allah et de son Prophète. On traîne devant les tribunaux et on punit ceux qui n’obéissent pas aux commandements. De plus, l’application de ces commandements ne se limite pas aux musulmans. Mahomet, en conformité à la volonté d’Allah, a levé une armée puissante pour les imposer autour de lui. Ensuite, malgré les hauts et les bas de l’Histoire, ses compagnons, puis les chefs musulmans, se sont efforcés de maintenir l’idéal de soumettre tous les peuples à l’islam. C’est cet idéal que cherchent à raviver divers groupes musulmans aujourd’hui. Et la Fatiha leur rappelle qu’Allah a divisé l’humanité en deux parties irréconciliables : d’un côté, les musulmans qu’Allah comble de sa grâce ; de l’autre les Juifs et les chrétiens (et tous les autres) qu’il rejette.
Voir La récitation de la Fatiha dans la prière
Dualité musulmans-mécréants
Allah prescrit ce dualisme et les musulmans ont pour mission de le faire respecter. Il ne s’agit pas pour eux de s’éloigner des pécheurs qui font le mal mais de se séparer des chrétiens et des Juifs en tant que tels. Pour Allah, le simple fait de naître de parents juifs ou chrétiens place les individus dans le camp du mal. Dans la Fatiha, Allah précise bien que TOUS les Juifs et TOUS les chrétiens incarnent le mal.
Les Juifs, par leur refus de l’islam, ont en effet suscité et continuent de susciter la colère d’Allah. Quant aux chrétiens, ils ont trahi le Christ, falsifié la Parole d’Allah et se sont égarés dans la perdition.
Prière des musulmans
Ainsi, dix-sept fois par jour, les musulmans invoquent Allah et lui demandent de les garder dans l’islam qui représente le monde du bien. Et dans la partie finale de leur prière, ils demandent d’être préservés des Juifs et des chrétiens, cette partie de l’humanité qu’Allah a rejetée.
Interprétation et compréhension du Coran
Dans son prêche, l’imam rappelle à ses auditeurs que l’islam interdit toute interprétation particulière du Coran. Il met en garde ceux qui seraient tentés d’utiliser leur raison et leur libre arbitre quand ils lisent le Coran. Seule sa lecture littérale convient parce qu’Allah a édicté ses commandements de manière claire et explicite.
Si un verset ne formule pas le commandement d’Allah clairement, le musulman doit en chercher d’autres qui en complètent et précisent le sens. Et si le Coran ne lui fournit pas de réponse satisfaisante, il doit se référer aux hadiths de Mahomet.
En tout état de cause, il doit obéir au texte coranique et aux explications de Mahomet. Il n’a pas le droit d’apporter de modification aux décisions d’Allah et de son Prophète.
Mettre ses actes en conformité avec ses prières
Quand il dit ses cinq prières quotidiennes obligatoires, ainsi que ses prières surérogatoires, le musulman doit comprendre les paroles qu’il prononce afin de pouvoir agir en conformité avec elles. Et comme la prière dans l’islam consiste à réciter le Coran, il doit obéir à ses prescriptions dans tous les domaines de la vie.
Pour s’assurer que les fidèles obéissent aux commandements qu’il a révélés, Allah a ordonné aux autorités de surveiller les musulmans.
Obéir ou être traité de Juif
Dans une société ainsi structurée, la tâche des imams consiste à rappeler aux fidèles leur devoir d’obéissance à Allah et à son Prophète. Si certains persistent dans leur désobéissance, les autorités religieuses sont habilitées à les punir. Dans son prêche, Béchir ben Hassen déclare qu’ils n’appartiennent plus à la communauté musulmane mais sont désormais considérés comme Juifs.
Cette assignation à l’état de Juif exprime une conviction islamique fondamentale : les Juifs, plus que quiconque, personnifient le mal. Tout individu qui trahit les commandements d’Allah ne peut agir ainsi de sa propre décision. C’est parce qu’il est Juif qu’un individu désobéit aux commandements d’Allah ! Même s’il est né de parents musulmans et a été élevé dans l’islam, sa nature profonde est juive. En conséquence, il ne peut que servir le mal.
Cet enseignement, reçu dès leur plus tendre enfance, explique l’aversion raciste qu’éprouvent beaucoup de musulmans envers les Juifs.
Lire aussi Quelle image les musulmans ont-ils des chrétiens?