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Jihad contre Israël

Depuis l’attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël, le monde est partagé en deux camps: celui des Palestiniens et de leurs soutiens et celui des Israéliens et de leurs sympathisants. Les premiers dénoncent un Etat colonial et raciste, les seconds invoquent le droit des Israéliens de vivre dans leur pays et de se défendre contre leurs agresseurs. Est-il possible de voir un peu plus clair dans ce conflit? Cet article tente d’y parvenir.

Immédiatement après l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier, Ismaël Haniyeh, son chef politique, a adressé depuis le Qatar les mots suivants à Israël :

Nous n’avons qu’une seule parole à vous dire. Quittez nos terres. Disparaissez de notre regard. Sortez de la mosquée d’Al Aqsa et de nos lieux saints. Nous ne voulons pas vous voir sur cette terre. Cette terre est la nôtre. Jérusalem est à nous, et tout est à nous. Vous êtes une anomalie provisoire sur cette terre pure et bénie, et il n’y a pas d’endroit ou de place pour vous sur cette terre (Palestine).

Pour lire le discours d’Ismaël Haniyeh en français, cliquer ici

Lire aussi Qu’est-ce que le Hamas et comment comprendre la guerre en Israël (A noter que cet article de BBC News Afrique désigne le Hamas comme un groupe militant islamiste palestinien, et non comme un groupe terroriste).

Les racines religieuses du conflit

Ce que le Hamas reproche aux Israéliens, ce ne sont pas seulement les territoires qu’ils ont occupés après la Guerre des Six Jours ou les colonies en Cisjordanie mais leur présence même dans le pays et cela pour deux raisons.

Selon le récit biblique, Dieu a promis à Abraham de donner à sa descendance le territoire des sept peuples vivant en Canaan. Il précise qu’il en sera ainsi en raison de leur « iniquité ». Mais la jouissance qu’Israël aura de ce territoire dépendra de sa fidélité à Dieu. L’Alliance que Dieu passe avec lui prévoit en effet qu’il en sera chassé s’il est infidèle mais que Dieu l’y ramènera s’il se repent. La suite a démontré la réalité de cette Alliance. Déportés par les Assyriens, puis par les Babyloniens, les Juifs ont retrouvé leur pays au temps de Cyrus, empereur perse. De même, après que les Romains ont détruit Jérusalem et le temple en 70 de notre ère, les Juifs ont « erré » dans le monde jusqu’en 1948, année où, les Nations Unies ont voté la reconstitution d’un foyer national juif en Palestine.

Or les musulmans ne reconnaissent à ce récit aucune validité. Selon eux, Dieu a définitivement maudit les Juifs en raison de leur infidélité et a reporté sa bénédiction sur eux.

La seconde raison tient au différend que Mahomet a eu avec les Juifs. Dans leur majorité, ils ne l’ont pas reconnu comme prophète. À cela, Mahomet a répondu en expulsant ou éliminant physiquement les trois tribus juives de Médine. Dès lors le Coran désignera les Juifs comme « Ceux que Allah a maudits, ceux qui ont encouru sa colère, et ceux dont Il a fait des singes et des cochons (c-à-d des êtres impurs) » (Sourate 5.60).

Ces deux raisons expliquent l’hostilité radicale des membres du Hamas – et des musulmans en général – envers les Juifs.

Bref rappel historique

Le fait que les membres de l’ONU aient majoritairement voté en faveur de la reconnaissance de l’État d’Israël en 1948 n’a donc pas amené la paix dans la région. Et les guerres israélo-arabes de 1948, 1967 et 1973 n’ont pas davantage conduit à la normalisation de leurs relations et à une résolution du problème palestinien.

Si les traités de paix que les Israéliens signent avec les Égyptiens en 1979 et avec les Jordaniens en 1994, mettent un terme aux affrontements militaires classiques, le conflit emprunte, à partir de 1987, la forme de soulèvements et de guérilla (intifada). Néanmoins, en 1993, année des accords d’Oslo, un espoir semble permis. Pour la première fois, l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) s’engage à renoncer à la « violence et au terrorisme » et reconnaît à Israël le « droit d’exister dans la paix et la sécurité ». Ces accords n’entreront malheureusement jamais en vigueur. Un extrémiste juif assassine Yitzak Rabin, principal artisan, avec Yasser Arafat, de cet accord et le Hamas, branche palestinienne des Frères Musulmans, le considère comme une trahison.

Voir ce tweet révélateur: pour certains musulmans, Israël s’épelle « Itsnotreal« 

Réconciliation possible entre Israël et le Hamas ?

Après l’attaque du 7 octobre, qui a inspiré à Ismaël Haniyeh une profusion de louanges à Allah et des paroles glorifiant les membres des Brigades Qassam – ces hommes qui ont mémorisé le Saint Coran et sont de pieux serviteurs d’Allah, il a clairement mis en garde les pays arabes contre la tentation de faire la paix avec Israël, ce qui légitimerait sa présence dans la région. Il en appelle à leur responsabilité :

« Toute normalisation, toute reconnaissance de cette entité (Israël), tous les accords signés avec elle, ne pourront jamais arrêter le combat qui ne s’achèvera que sur le champ de bataille.

La fin de ce combat sera l’œuvre de ces héros qui mènent le jihad, Il ne s’achèvera qu’avec le sang pur de nos martyrs et l’héroïsme de ce peuple, de ses captifs et de ses blessures…. Ô brigades Qassam ! Vous êtes l’avenir. Ô factions de la résistance, notre hommage pour la fierté que vous nous avez procurée ».

Pour persuader ceux qui pourraient encore douter que le combat à mort contre Israël est la seule voie que puissent suivre les « vrais » musulmans, il conclut son prêche en citant Sourate 9.111 qui promet un accès direct au Paradis à ceux qui « tuent et se font tuer » pour Allah.

Il n’a évidemment rien dit du rôle de l’Iran qui soutient et équipe le Hamas plus que personne et qui, pour préserver son influence dans la région, ne veut absolument pas d’un rapprochement entre Israël et les pays arabes, et plus particulièrement entre Israël et l’Arabie Saoudite.

Face à cette situation, Israël semble n’avoir que la guerre comme choix.

Quel chemin vers la paix?

Les positions respectives des deux camps rendent toute paix impossible. Aussi longtemps que les religieux des deux bords lutteront à mort pour défendre ce qu’ils considèrent comme juste, ils ne feront jamais la paix. Yuval Harari, un historien israélien, a récemment déclaré que pour résoudre un conflit entre deux peuples, il ne faut pas exiger la justice mais chercher ensemble la paix, ce qui suppose un examen personnel exigeant. Dans une parabole, Jésus dit qu’avant de vouloir ôter le grain de sciure de l’oeil de notre voisin, il faut commencer par ôter la poutre qui est dans le nôtre.

La minuscule communauté chrétienne qui vit en Israël et à Gaza comprend des Juifs messianiques et des Palestiniens. Elle rappelle, dans un contexte qui la rend presque inaudible, que la foi partagée en Jésus constitue le point de départ fondamental d’une réconciliation entre Juifs et Palestiniens.

Lire «Les chrétiens s’identifient au reste de la population, ils se sentent Israéliens ou Gazaouis»

Voir aussi: Chanter sa confiance en Dieu

Un livre exceptionnel: Frère de sang

Prêtre à Ibillin, un petit village de Palestine, Élias Chacour, Arabe et citoyen d’Israël, est l’un des témoins vivants de cette coexistence prétendument impossible au Moyen-Orient. Déjà, tout jeune enfant, il est témoin et victime de la violence des Israéliens. Mais, non-violent, passionné de paix, apôtre de la justice, solidaire de ses compatriotes palestiniens, il se plaît à dire : Les Juifs et les Palestiniens sont frères, frères de sang. Nous ne devons jamais oublier cela. Son itinéraire, dramatique, est vécu dans un esprit évangélique d’une exceptionnelle qualité.

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