Conflit Hamas – Israël : peut-on espérer une résolution? Les tractations diplomatiques du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis avec les deux belligérants ont-elles la moindre chance d’aboutir ? Aucune, estime l’auteur de cet article, aussi longtemps que les « maximalistes » des deux camps seront aux commandes.
L’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, m’a plongé dans un nouveau champ de réflexion et d’études. Je n’ai jamais été un « supporter » inconditionnel d’Israël. Mais la violence et la barbarie qui ont caractérisé cette attaque m’ont poussé à lire « dans le texte » le point de vue de l’islam sur les Juifs. Après des recherches dans le Coran et le Hadith, et l’étude de divers ouvrages, la virulence du discours musulman à l’encontre du peuple juif m’est apparue avec beaucoup plus de force.
Un double constat
Dans leurs argumentaires, beaucoup d’humanitaires et de mouvements politiques en sympathie avec la cause palestinienne diffusent, consciemment ou non, une hostilité très islamique envers le peuple juif.
Par contre, la propagande pro palestinienne en Occident emploie une rhétorique politique – Israël colonisateur, Israël nazi – et prend bien soin d’occulter l’antijudaïsme musulman. Cet antijudaïsme, le « prophète » lui-même l’a formulé et prescrit. Parce que les Juifs (et les chrétiens) ne l’ont pas reconnu comme « authentique » envoyé de Dieu, il a multiplié anathèmes et malédictions contre eux, propos qu’Allah ne récuse pas dans le Coran.[1]
Instauration de la « dhimma »
Dès les débuts de l’islam, au VIIe siècle, le mépris des Juifs s’est traduit par l’instauration de la « dhimma ». Ce système réduisait Juifs et chrétiens au rang de sous-citoyens. Ils étaient soumis à l’impôt et à quantité de mesures vexatoires destinées à les maintenir dans un état d’infériorité et d’humiliation.
Mehmet Ali affranchit les Juifs de la « dhimma »
Pendant près de treize siècles, ce régime juridique a prévalu dans la plupart des territoires que l’islam avait conquis. Mais à partir de 1831, afin de bénéficier de leurs compétences dans la gestion administrative de la Palestine, Mehmet Ali, vice-roi d’Égypte, en a libéré les Juifs. Cette mesure « révolutionnaire » a provoqué la révolte des populations rurales arabes. Les troubles ne faisaient que commencer. À partir de 1880, les migrants juifs de la première vague ont acheté des terres aux Palestiniens et se sont ajoutés aux quelque cinq mille Juifs qui vivaient dans le pays.
Pourquoi instaurer un foyer national juif en Palestine?
Dans le même temps, en Europe, les partisans du sionisme présentaient la création d’un foyer national juif comme le seul moyen de se prémunir contre les pogroms. En 1917, avec la Déclaration Balfour, la Grande Bretagne, puissance mandataire de la Palestine, soutient cette idée. Dès lors, les Palestiniens hostiles au retour des Juifs – tous ne le sont pas – vont systématiquement s’opposer à toute mesure allant dans le sens de la création d’un État juif.
Le sionisme sonne la fin de la « dhimma »
Pour le monde arabe, il y a péril en la demeure. Implicitement, le sionisme annonce la fin de la « dhimma », une perspective absolument inacceptable. On ne s’étonne donc pas que le grand mufti[2] de Jérusalem, Amin al-Husseini, fidèle soutien de l’Allemagne nazie, ait déclaré à Berlin où il s’était réfugié en 1941, que les Allemands avaient trouvé la solution au problème juif.
Amin al-Husseini et Adolf Hitler
Lire: Où l’antisémitisme musulman prend-il sa source?
Lire aussi: Antijudaïsme (Wikipédia) et Le Coran et l’antijudaïsme
Mobilisation du monde arabe contre Israël
Après 1945, il mobilisera les États arabes voisins de la Palestine contre ce projet et les appellera à attaquer Israël dès la proclamation officielle de son existence. En dépit de guerres répétées et perdues au cours des soixante-dix ans passés, le rejet d’Israël demeure, plus résolu que jamais pour certains. Des mouvements tels que les Frères musulmans, dont le Hamas est la succursale en Palestine, alimentent idéologiquement cette lutte en espérant en faire un jour le grand affrontement eschatologique qui conduira à la domination de l’islam sur le monde.
Le Hamas, fer de lance de la guerre contre Israël
Dans sa charte, le Hamas précise qu’il est « un mouvement humaniste », respectueux des Droits de l’homme et tolérant envers les disciples d’autres religions (à condition qu’ils ne s’opposent pas à l’islam). Selon cette même charte, « à l’ombre de l’islam, musulmans, chrétiens et Juifs peuvent coexister » (mais chacun à sa place, et les musulmans au-dessus).
Une grande partie de l’opinion occidentale préfère ignorer l’antijudaïsme musulman et considère donc qu’Israël est l’oppresseur et les Palestiniens ses victimes. Si la politique de l’État d’Israël est critiquable, il est impossible de sous-estimer la dimension religieuse de ce conflit. La charte du Hamas n’affirme-t-elle pas sans ambiguïté que l’éradication de l’État d’Israël est une obligation religieuse pour tout musulman ? Et n’est-il pas en train de crier à la face des Occidentaux et du monde arabe que ce conflit n’aura pas de solution politique négociée ? Pour cette organisation terroriste, la paix ne reviendra que lorsque les Juifs auront été expulsés du territoire ou se seront à nouveau soumis au régime de la « dhimma ».
Notes:
[1] L’Histoire nous rappelle que bien avant l’islam, l’Église s’est montrée très hostile envers les Juifs. Elle leur reprochait d’être un peuple « déicide » voué à la malédiction et déchus de son statut de peuple de Dieu. C’est sur ce socle que l’antisémitisme européen s’est développé, du Moyen âge à la période moderne, passant des pogroms à son expression la plus tragique dans le nazisme. La Shoah a participé à réveiller la conscience des Catholiques, Protestants et Orthodoxes qui ont, depuis, reconnu leur péché et ont changé d’attitude envers les Juifs. L’avertissement de Jésus reste d’actualité : Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ?
[2] Mufti : savant musulman habilité à donner des avis juridiques à partir du droit canonique musulman.
Photo de titre: manifestation pro-palestinienne à Genève, le 14 octobre 2023.