Dans le Coran mekkois (sourates 1-86), de beaux textes invitent à la reconnaissance, à la bienveillance et à l’humilité.
[15] Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant envers son père et sa mère. Sa mère le porte dans la douleur et le met au monde dans la douleur. Et pendant trente mois, elle endure les fatigues de sa gestation et de son allaitement. Quand il atteint sa maturité, à l’âge de quarante ans, il dira : « Seigneur, fais que je sois reconnaissant envers Toi pour les bienfaits dont Tu nous as comblés, moi et mes parents, et que j’accomplisse de bonnes oeuvres que Tu agréeras ! Fais aussi que ma postérité soit d’une bonne moralité ! Je reviens repentant vers Toi et me déclare du nombre des soumis. »Sourate 46 (66ème) : 15
Et dans le Coran médinois (87-114), dont le contexte est plus guerrier, de beaux enseignements sur la bonté et l’hospitalité donnent le ton.
[177] La piété ne consiste pas à tourner sa face du côté de l’Orient ou de l’Occident ; la piété, c’est croire en Dieu, au Jugement dernier, aux anges, aux Livres et aux prophètes ; la piété, c’est donner de son bien – quelque attachement qu’on lui porte – aux proches, aux orphelins, aux indigents, aux voyageurs et aux mendiants ; la piété, c’est aussi racheter les captifs, accomplir la salât [prière rituelle], s’acquitter de la zakât [aumône légale, impôt purificateur], demeurer fidèle à ses engagements, se montrer patient dans l’adversité, dans le malheur et face au péril. Telles sont les vertus qui caractérisent les croyants pieux et sincères !
Sourate 2 (87ème) : 177
La transcendance de Dieu y est affirmée avec force, poésie et respect.
[255] Dieu ! Il n’y a point de divinité que Lui, le Vivant, l’Immuable ! Ni l’assoupissement ni le sommeil n’ont de prise sur Lui, et tout ce qui est dans les Cieux et sur la Terre Lui appartient. Aucune intercession auprès de Lui ne peut être tentée sans Sa permission. Il connaît le passé et l’avenir des hommes, alors que ces derniers n’appréhendent de Sa science que ce qu’Il veut bien leur enseigner. Son Trône s’étend sur les Cieux et la Terre qu’Il tient sous Sa puissance sans difficulté. Il est le Très-Haut, Il est le Tout-Puissant.
[256] Point de contrainte en religion maintenant que la Vérité se distingue nettement de l’erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l’anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu est Audient et Omniscient.
Sourate 2 (87ème) : 255-256
L’appel à la bonté, à l’hospitalité et à la générosité islam retentit avec clarté.
[36] Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours, les voyageurs de passage et les esclaves que vous possédez, car Dieu n’aime pas les arrogants vantards, [37] ainsi que les avares qui recommandent l’avarice à leurs semblables et dissimulent les faveurs dont Dieu les a gratifiés. (…)
Sourate 4 (92ème): 36-37
Dans les hadîths aussi, de nombreux textes invitent à la bonté et à l’hospitalité, à l’intériorité et à l’écoute du cœur, à la miséricorde et au respect, au pardon et à la générosité.
D’après Abû Hurayra (DAS), l’Envoyé de Dieu (SBDL) a dit : « Que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier ne dise que du bien ou se taise. Que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier se montre généreux envers son voisin. Et que celui qui croit en Dieu et au Jour dernier reçoive généreusement son hôte. »
Wâbiça Ibn Ma’bad (DAS) raconte qu’il se rendit auprès du Prophète (SBDL) qui lui dit :
« Tu es venu t’informer au sujet du bien ?
– « Oui ! » répondis-je.
– « Consulte ton cœur, dit le Prophète (SBDL), car le bien est ce qui procure à ton âme et à ton cœur tranquillité et sérénité. Alors que le péché te trouble intérieurement et suscite dans le cœur l’embarras même si les gens (doctes) t’apportaient toutes les justifications juridiques possibles.»
Rapporté par Ibn Hanbal et Ad-Dârami[2]
Abû Al-Abbâs Sahl Ibn Sa’d As-Sâ’idiyyi (DAS) a dit : « Un homme vint auprès du Prophète (SBDL) et lui demanda : Ô Envoyé de Dieu, indique-moi une action qui me fasse aimer auprès de Dieu et des hommes.
Le Prophète (SBDL) lui répondit : « Agis dans ce monde avec détachement, les gens t’aimeront. »
D’autres hadîths mettent au centre le pardon de Dieu.
Anas (DAS) raconte : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu (SBDL) dire :
« Dieu (Qu’Il soit exalté) a dit : « Ô fils d’Adam, tant que tu M’invoques et place en Moi ton espoir, Je te pardonnerai quoi que tu aies fait et je ne m’en soucie pas. Ô fils d’Adam, si tes péchés atteignent les nuages des cieux et qu’ensuite tu sollicites Mon pardon, Je te l’accorderai. Ô fils d’Adam, si tu te présentes devant Moi avec autant de péchés que peut en contenir la terre et qu’ensuite tu Me rencontres sans rien associer à Mon culte, Je t’apporterai un pardon équivalent. »
Et un hadîth qudsi(sacré) récapitule le cœur de l’enseignement sur Dieu apporté par Mahomet.
Abû Hurayra rapporte que l’Envoyé de Dieu –que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix- a dit : « Lorsque Dieu créa les créatures, il écrivit dans son Livre auprès de Lui au-dessus du Trône : Ma Miséricorde l’emporte sur ma colère. »[5]
Dans la Sîra, un portrait de Mahomet brossé par Ali récapitule les qualités du prophète de l’islam telles que perçues par les musulmans.
«Ali, cousin et gendre du Prophète, faisait de lui le portrait suivant : le Prophète était de taille moyenne, ni trop grand ni trop petit. Il avait les cheveux ni frisés ni lisses mais légèrement ondulés et bien souples. Sa tête était belle, ni trop grosse, ni trop petite, avec un visage légèrement allongé. Il avait le teint clair et vif, les yeux noirs bordés de longs cils. Sa stature, aux attaches robustes, avait une certaine majesté.
(…) Il était le plus généreux des hommes, le plus courageux, le plus sincère, le plus fidèle à la parole donnée, le plus ouvert d’esprit, le plus agréable en société. Au premier abord, il inspirait la crainte, mais, pour peu qu’on le fréquentât, on l’aimait. Ali disait : en somme, je n’ai jamais vu avant lui et je ne verrai jamais après lui un tel homme. Dieu le bénisse. »[6]
Ainsi, le courage, la sincérité, la fidélité, l’ouverture d’esprit et la bonté sont devenus des valeurs fondamentales pour des centaines de millions de musulmans à travers les siècles, et cela à la suite de celui qu’ils considèrent comme leur modèle exemplaire.
Lire aussi: Les textes fondateurs de l’islam: Coran et Sunna
Notes:
[1]An-Nawawî, Les quarante hadiths, Paris, Editions Maison d’Ennour, 2001, 15èmehadith, p.46.
[2]An-Nawawî, Les quarante hadiths, op.cit., 27èmehadith, p.78.
[3]An-Nawawî, Les quarante hadiths, op.cit., 31èmehadith, p.92.
[4]An-Nawawî, Les quarante hadiths, op.cit., 42èmehadith, p.116.
[5]Al-Nawawî, Recueil de Hadiths Qudsi. Paroles divines annoncées par le Prophète,op.cit., p. 31.
[6]Ibn Hichâm, La biographie du prophète Mahomet, op.cit., p. 144.