Les droits de l’homme ont-ils leur origine dans la foi ? demande Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève. La question est évidemment importante. Mais qu’est-ce que l’auteur entend vraiment ?
A moins d’être absolument allergique à toute référence religieuse, le propos semble d’abord raisonnable. Le principe de démocratie et celui des droits de l’homme se nourrissent de valeurs fondamentales déjà présentes dans la Thora, les Evangiles et le Coran, nous rappelle-t-il. Il y aurait donc bien un lien entre foi et droit. Cette conviction conduit H. Ramadan à poser une question qui est parfaitement pertinente : « Les hommes auraient-ils pu concevoir pareilles chartes (Droits de l’homme) sans l’apport de la révélation divine ?»
Déclaration islamique universelle des droits de l’homme
Par cette question, il nous ramène directement au préambule de la Déclaration islamique universelle des droits de l’homme, que le Conseil islamique pour l’Europe a proclamée en 1981. On peut y lire :
« Nous croyons que la rationalité en soi, sans la lumière de la révélation de Dieu, ne peut ni constituer un guide infaillible dans les affaires de l’humanité ni apporter une nourriture spirituelle à l’âme humaine et, sachant que les enseignements de l’islam représentent la quintessence du commandement divin dans sa forme définitive et parfaite, estimons de notre devoir de rappeler à l’homme la haute condition et la dignité que Dieu lui a conférées ».
Ici, le ton est donné : Droits humains, d’accord, mais sous la tutelle absolue des « enseignements de l’islam ». Et cette précision change tout. On n’est plus dans le concept occidental de droits naturels, garantis à chaque personne en vertu de son appartenance au genre humain, indépendamment de sa religion, de ses convictions politiques, de son statu social, de sa race ou de son sexe. On est dans l’affirmation de l’islam comme norme absolue et exclusive du droit. Il faut donc comprendre que quand H. Ramadan parle de « droits humains », de « droits des femmes », ou de « liberté de religion et d’expression », c’est toujours dans les limites strictes de ce que permet la charia.
L’islam à la source des Droits de l’homme?
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