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La taqîya: prudence et dissimulation

La taqîya est née dans le contexte de relations conflictuelles entre musulmans sunnites et chiites. Des questions concernant la légitimité de la succession, des controverses à propos du texte «exact » du Coran et de la Tradition « exacte » ainsi que de nombreux problèmes juridiques en furent la cause. Aujoud’hui encore, chaque partie accuse l’autre, d’« incrédulité » et d’« hérésie ».

Il y fut un temps où les dynasties sunnites tels les Omeyades et les Abbassides persécutaient les Chiites. A de nombreuses reprises, les Sunnites détruisirent leurs lieux de pèlerinage. Dans l’Arabie Saoudite contemporaine, qui ne reconnaît que l’Islam sunnite wahhabite comme véritable foi, les Chiites ne jouissent pas d’une réelle liberté religieuse. On les regarde souvent avec suspicion et même animosité. En conséquence, beaucoup dissimulent leur appartenance à la communauté chiite. Il en va de même dans les Etats du Golfe. Les sunnites suspectent souvent la minorité chiite de ne pas adhérer ou de manquer de loyauté envers le régime sunnite. On la soupçonne d’entretenir des relations avec des groupes chiites d’Iran en vue de renverser le gouvernement et d’introduire la révolution iranienne. La peur de troubles a souvent conduit les états du Golfe et l’Arabie Saoudite à expulser les groupes chiites qu’ils soient actifs politiquement ou non.

Lire aussi: La Taqiya ou le concept coranique qui permet aux musulmans radicaux de dissimuler leurs véritables croyances

Cacher sa foi pour éviter la persécution

Une persécution parfois sévère de leur minorité, pendant des siècles, a conduit les chiites à considérer que, dans de telles situations d’urgence, ils devaient soit émigrer soit cacher leur foi afin d’éviter un martyre inutile et pouvoir se protéger ainsi que protéger leur minorité. Cette pratique de la taqîya, qui signifie « prudence » ou « dissimulation » semble être apparue sous la domination sévère des Abbasides sunnites au 8ème siècle après J.-C. Une justification de cette attitude se trouve dans la Sourate 16.106 qui exempte de la colère divine pour incrédulité volontaire ceux qui sont « contraints à l’incrédulité alors que [leur] cœur se repose éternellement dans la foi ».

Le Coran étend ces dispenses à d’autres cas d’urgence comme la menace de la famine ou la crainte d’ennemis non-musulmans. Dans ces cas, les musulmans peuvent manger de la viande qui n’a pas été abattue rituellement (6.119). Ils peuvent aussi conclure une alliance avec des « incroyants » (3.28). Le terme « taqîya »est devenu plus tard synonyme de « se cacher », « dissimuler » ou même « mentir » et pratiquer la « taqîya » signifie « dissimuler pour tromper » les autres. Le terme de « taqîya » s’applique aussi aujourd’hui à la « Da‘wah » (l’appel ou l’invitation à l’Islam), avec le sens d’agir d’une façon stratégique pour faire des prosélytes.

Lire: L’islam à l’épreuve

Un principe repris par les sunnites

Même les théologiens sunnites acceptent le principe de la « taqîya ». L’un des plus connus, al-Tabari (mort en 855), donne cette interprétation de la sourate 16.106 : « Si quelqu’un est acculé et confesse son incrédulité avec la langue, alors que son cœur le contredit, afin d’échapper à ses ennemis, il n’en sera pas rendu responsable car Dieu regarde au cœur de ses serviteurs ». D’autres soutiennent qu’il faut recommander la taqîya aux femmes, aux enfants et aux personnes handicapées. Par contre, les célibataires n’en ont pas l’obligation. On estime qu’ils peuvent supporter la persécution dans la mesure où elle se limite à la prison et à recevoir des coups non mortels.

Se dire sunnite pour survivre en tant que chiite

Dans leur grande majorité les Chiites considèrent que le croyant persécuté devrait pratiquer la « prudence » ou « dissimulation » et se faire passer pour sunnite afin d’éviter la persécution. Certains professeurs chiites sont allés même jusqu’à enseigner publiquement comme théologiens sunnites alors que, dans le même temps, ils administraient leur communauté chiite. Au cours de l’histoire et de la théologie musulmane, Sunnites et Chiites ne sont jamais parvenus à une véritable égalité ni à une reconnaissance mutuelle.

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