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Qui est Dieu dans le Coran?

Qui est Dieu Dans le Coran? Le Coran ne contient aucun passage proposant une description systématique des attributs de Dieu. En arabe, on l’appelle « Allah » ce qui signifie simplement « Le Dieu ».

Dieu ne se présente pas lui-même dans le Coran comme il le fait dans l’Ancien Testament par ces paroles « Je Suis celui qui Suis » (Exode 3 :14, Segond 21) mais il demeure caché, mystérieux. Il est complètement distinct de sa création et on ne peut absolument pas le comparer à un de ses êtres créés car « Il n’y a rien qui Lui ressemble » (Sourate 42,11).

Puisqu’Allah est mystère, personne ne peut s’en faire une représentation mentale. Nul n’a le droit d’imaginer ou de représenter son être. Un croyant musulman connaît seulement les noms d’Allah, ses attributs décrits dans le Coran et entend parler de son interaction avec l’humanité. Le Coran fait de l’unicité d’Allah une affirmation fondamentale. Rien ne peut lui être comparé et lui-même ne peut être comparé à personne d’autre. C’est le dogme du « tauwḥīd » : (l’unité/l’unicité d’Allah) « Il est Allah, l’Unique, l’Eternel ! Il n’a jamais engendré et n’a pas été engendré non plus ! Nul ne Lui est égal » (Sourate 112, 1-4). 

Trois domaines définissent Allah : la création, la provision et le jugement. Le Coran dit qu’au début Allah créa le monde et l’humanité. A la fin des temps, Allah jugera chaque individu et lui donnera sa récompens. Il est le Très-haut et le Miséricordieux qui voit tout, car « Pas une feuille ne tombe qu’il ne le sache » (Sourate 6,59). Allah est Unique, existant vraiment, transcendant, très-haut, omniprésent, immuable, qui ne meure pas, éternel et non créé, omniscient et illimité dans sa grandeur : «  Il n’engendre pas et n’a pas été engendré. Il ne peut être mesuré, des voiles ne peuvent le recouvrir. Ils essaient de le comprendre mais ne peuvent le saisir ; il ne peut être mesuré par l’homme, aucun être créé ne peut lui être comparer à quelques égards que ce soit»[1]  Aujourd’hui, dans l’Islam, l’idée est née qu’Allah possède 99 noms, qui permettent au croyant de l’adorer.

 Allah, le Juge

Au tout début de l’Islam, Mahomet a annoncé qu’Allah serait juge, au jour du jugement à venir, où tous, sans exception, devront rendre compte de leurs actions et de leur foi. « En vérité, L’Heure (du jugement) va arriver : pas de doute là-dessus » (Sourate 40,59). A la fin des temps, au temps qu’aura fixé Allah, il ramènera les vivants et les morts à lui : « Et préparez-vous pour le jour où Allah vous ramènera. Alors chacun recevra la juste récompense pour ses actions ! Il ne jugera pas l’humanité injustement » (Sourate 2, 281) car Allah sera un juge totalement juste. Une balance pèsera chaque action des hommes enregistrée dans un livre. Les musulmans qui ont vraiment cru iront au paradis. Les autres résideront en enfer pour toujours.

 Allah, le Très-Haut

Dans le Coran, l’omnipotence (la toute-puissance) d’Allah est un de ses attributs les plus importants. Le Coran met l’accent sur la faiblesse des autres dieux en comparaison. Selon la Sourate 22, 73-74, les autres dieux, même s’ils unissaient leurs forces, ne pourraient même pas créer une mouche, alors que le Tout-puissant est le créateur des cieux, de la terre et de tous les individus. Le genre humain doit reconnaître la toute-puissance d’Allah, se reconnaître comme sa créature et le servir, lui être soumis et croire en lui, ce qui sera une reconnaissance et une louange juste pour sa grâce constante.

Bien qu’il ne puisse y avoir de comparaison ou de contact entre ce dieu transcendant et sa créature mortelle, Allah a permis à l’humanité de le connaître, mais non dans sa personne ou son essence car il serait impensable qu’Allah quitte sa transcendance, devienne visible à vue humaine ou vienne dans le monde pour se révéler sous une forme humaine. Allah a plutôt envoyé sa parole par l’ange Gabriel et celui-ci l’a faite connaître individuellement à des prophètes. Puis, les prophètes ont donné les messages d’Allah à l’humanité. Ce sont là les révélations qu’Allah a envoyées ici-bas.

Malgré les révélations d’Allah et ses interactions avec l’humanité tout au long de l’histoire, un gouffre infranchissable demeure entre le genre humain et Allah. Cela ne signifie pas qu’Allah est très loin des êtres humains, car Allah est « plus près d’elle que sa veine jugulaire» (Sourate 50,16). Cette expression cependant est là pour accentuer l’omniprésence d’Allah. De même l’expression : « Il est l’ami des croyants » (Sourate 3,68) met l’accent sur la grâce d’Allah pour le genre humain mais ne signifie en aucun cas qu’Allah a quelque chose de commun avec les êtres qu’il a créés.

De même, toute tentative de décrire Allah comme « Père » serait complètement incompatible avec le message du Coran qui insiste sur le caractère unique d’Allah. Impossible de le comparer à un être créé ou de le décrire comme Père de Jésus-Christ ou Père de l’un de ses sujets. L’Islam interprète la notion de « fils de Dieu » ou de « Paternité » de Dieu dans un sens uniquement physique et rejette ces expressions, ainsi que l’idée de Trinité que le Coran considère comme l’adoration d’autres dieux qu’Allah, pratiques polythéistes des voisins arabes de Mahomet.

En plus du Coran, Allah parle aussi à l’humanité par des « signes » que l’on peut discerner dans le monde créé, de même qu’il a parlé dans les temps passés par les prophètes et par la façon dont il en a pris soin ainsi que du peuple. Au travers de ces signes, ce que l’on pourrait appeler « l’appel » d’Allah, parvient à l’humanité qui peut y répondre par la foi ou l’incrédulité. Les paroles du prophète Noé dans le Coran « Servez Allah, craignez-le et obéissez-moi » (Sourate 71,3) sont un défi classique à ses compatriotes.

La Toute-puissance d’Allah, mentionnée dans le Coran dans d’innombrables passages, recouvre tous les domaines et toutes les régions. Allah a créé le monde, les animaux, les hommes, les esprits, les anges ainsi que le bien et le mal. « Nul malheur n’atteint la terre ou vos personnes, qui ne soit enregistré dans un livre avant que nous ne l’ayons créé. Cela est facile pour Allah » (Sourate 57,22) car « ne nous arrive, que ce qu’Allah a ordonné. »

Dieu a fixé l’heure de la mort de chaque personne : « Allah cependant n’accorde jamais de délai à une âme dont le terme est arrivé » (Sourate 63,11). C’est Allah qui, au final, pousse les gens à croire ou à ne pas croire « Quand Allah désire conduire quelqu’un dans la droiture, il ouvre son cœur à l’Islam. Cependant, s’il désire égarer quelqu’un, il rend son cœur étroit et rétréci comme s’il devait se soulever contre le ciel. C’est ainsi qu’Allah punit ceux qui ne croient pas » (Sourate 6,125). C’est encore plus clair dans la Sourate 7,179 : « Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’hommes pour l’Enfer ». Pourquoi seuls certains deviennent musulmans ? La réponse à cette question est dans le Coran : ce n’est pas sa volonté : « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission d’Allah. (Sourate 10, 99-100).

En même temps, le Coran insiste sur le fait que chaque individu devra rendre compte de sa foi ou de son manque de foi au jour du jugement. Chacun recevra une juste récompense pour sa conduite sur la terre qu’elle soit bonne ou mauvaise. « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait… » (Sourate 2, 286). Ces positions apparemment irréconciliables – la responsabilité de l’humanité et la prédestination d’Allah pour chaque homme de croire ou non – cohabitent dans le Coran. Personne ne peut tenir Allah pour responsable de son manque de foi ou de son péché, et quand un musulman fidèle reçoit la permission d’entrer au Paradis, alors c’est par la miséricorde d’Allah.

On peut considérer les versets concernant la prédestination comme reflétant les rapports difficiles de Mahomet avec ses compatriotes. Avec son appel à revenir à Allah, le seul Dieu tout- puissant, il se détournait des religions purement fatalistes de ses contemporains de l’Arabie préislamique. De même, il devait aussi trouver une explication à l’opposition et à la résistance constante à son message des habitants de la Mecque et de Médine qui, pendant les 12 premières années de sa prédication, ne lui ont prêtée que peu d’attention. Ainsi, dans le Coran, nous voyons le lien entre le pouvoir absolu d’Allah et la nature prédéterminée de ses ordonnances de même que les responsabilités qui pèsent sur le genre humain.

Comme Allah est tout-puissant et que personne ne peut réellement comprendre et connaître sa nature, un musulman ne peut avoir la certitude du pardon et de la grâce d’Allah envers lui ou de son rejet par Allah à la fin de ses jours et de son envoi en enfer : «Mais il n’en va pas de même du Seigneur de l’Humanité, qui m’a créé, qui me conduit et me guide, qui me nourrit et me donne à boire, qui me guérit quand je suis malade, qui me fera mourir, puis me redonnera la vie. C’est de Lui que je convoite le pardon de mes fautes le Jour de la Rétribution. » (Sourate 26,77-82). Le Coran décrit Allah comme Le Miséricordieux, plein de compassion, et même comme généreux et indulgent.

Mais le Musulman ne reçoit aucune assurance quant au pardon de ses péchés après la mort. Prédire les décisions de jugement d’Allah serait mettre une limite à son pouvoir. Les interventions d’Allah ne sont nullement prévisibles autrement il devrait se conformer aux attentes et à l’imagination de l’homme. Rien ni personne ne peut influencer Allah et il n’est redevable envers personne. De même, le dieu du Coran est un dieu rusé. En de nombreux endroits on lit qu’il invente les meilleures ruses. La Sourate 13,13 dit « Allah est plein de ruses » (littéralement « Allah est fort, puissant en ruses/tromperies « ) et « les incrédules pensent à des ruses, mais Allah les surpasse tous » (Sourate 8,30). 

Allah le Créateur

En dehors du constat général et fréquent qu’Allah a créé le ciel et la terre et le genre humain, le Coran, au contraire de l’Ancien Testament, ne contient aucun récit détaillé de la création. La sourate 41,9-13 dit seulement qu’Allah acheva la création en six jours. Allah créa d’abord le ciel et la terre en deux jours à partir d’une masse informe, puis il fit les montagnes, les rivières et les plantes sur la terre. De l’eau, il fit ensuite divers animaux et il créa l’homme pour les dominer. Nulle part le Coran dit qu’Allah créa l’homme « à son image », contrairement à l’Ancien Testament (Genèse 1:21). Cela serait irréconciliable avec la grandeur et la singularité d’Allah qui ne peut se comparer d’aucune façon au genre humain. De même, la Sourate 40,57 décrit la création du ciel et de la terre comme une « plus grande merveille » que la création de l’homme. A l’opposé, le récit de la création dans l’Ancien Testament décrit la création de l’homme comme le couronnement de la Création.

Le Coran dit – et, en cela, il est en accord avec le récit biblique de la Création- que toute l’humanité descend d’un couple d’êtres humains. (Sourate 6,98). Après avoir formé Adam d’un morceau d’argile, Allah a dit : « Soit ! » (en arabe : « Kun ! ») et Adam fut. (Sourate 3,59) La parole créatrice d’Allah fait que les choses arrivent « Quand il a décidé quelque chose, il a seulement à dire ‘ Soit ! ‘ et cela arrive ».

Après l’achèvement de la création, Allah est remonté sur un trône porté par un ange, dans le 7ème ciel, et de là il domine les royaumes éternels. Dans les cieux au-dessous sont la lune, le soleil et les étoiles. Dans le niveau le plus bas des cieux, un garde veille afin d’éviter que les esprits mauvais ne jettent un œil sur le conseil des anges (Sourate 37, 1-9). Allah a créé la suite du jour et de la nuit : le soleil et la lune donne de la lumière le jour et la nuit et, par leur course régulière, donnent aux hommes le moyen de mesurer le temps (Sourate 10,5). Allah soutient les cieux, qui n’ont pas de piliers, afin qu’ils ne tombent pas sur la terre (Sourate 22,65).

Le Coran souligne que la création n’a pas causé de fatigue à Allah. Contrairement au récit biblique, il ne s’est pas reposé après : « En effet, Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui existe entre en six jours, sans éprouver la moindre lassitude. » (Sourate 50,38). Allah ne se fatigue pas et n’a pas besoin de dormir. Allah ne demande pas aux musulmans de respecter un sabbat, et donc, jusqu’à la période moderne, il n’y avait pas de jour de repos hebdomadaire officiel dans le monde musulman, bien que le vendredi ait un statut spécial. Certains pays, néanmoins, considère le dimanche comme le jour de repos, conséquence d’une colonisation européenne antérieure.

Allah a placé l’humanité sur la terre comme « disciples » ou « représentants » (en arabe khalifa) et, pour la courte durée de leur vie, leur a confié des biens terrestres, leur a donné autorité sur eux, leur a permis de prospérer mais leur réclame des comptes à la fin de leur vie sur la façon dont ils ont géré ces choses et s’ils ont reconnu en Allah le donateur de toutes choses.

On peut clairement lire dans le Coran que c’est la volonté d’Allah qu’il y ait des riches comme des pauvres dans le monde. Riches et pauvres doivent reconnaître en Allah le créateur et le donateur, et Allah éprouve chaque individu au travers des circonstances de sa vie (voir par exemple la Sourate 6,245) pour voir comment il se conduit. La provision d’Allah est un signe pour le genre humain au travers duquel il peut reconnaître Allah comme créateur « C’est lui qui permet à la pluie de tomber des nuages… Ceci est un signe pour ceux qui peuvent recevoir instruction… Peut-être apprendrez-vous la gratitude » (Sourate 16,10-14).

 Allah le Miséricordieux

 Dans l’imagination de beaucoup, Allah est comme un cruel dictateur pour l’Islam, agissant sur coups de tête. Les musulmans ne le voient pas comme cela car le Coran, disent-ils, met l’accent à de nombreuses reprises, sur la miséricorde et la grâce d’Allah. Chaque Sourate, (sauf la Sourate 9) commence par ces mots « Au nom d’Allah, le compatissant, le miséricordieux ». D’autres traductions ont « Au nom d’Allah compatissant et miséricordieux ». La Sourate 7,156, va même jusqu’à dire « Mais ma miséricorde n’a pas de limite ». Au croyant, Allah se révèle comme un donateur miséricordieux, qui comprend et pardonne, qui entend les prières et protège, alors que l’incrédule ne peut attendre aucune miséricorde lors du jugement d’Allah.

Le Coran affirme qu’Allah s’est révélé à l’humanité au travers de sa bonté. Allah rapelle à Mahomet sa bonté et il doit à son tour rappeler au peuple de se souvenir de la bienveillance d’Allah et d’en éprouver de la reconnaissance. La gratitude envers Allah et la reconnaissance que toutes choses viennent de lui, caractérise le vrai Musulman. Par contre, l’incroyant manque toujours de gratitude car il ne reconnaît pas Allah et ne lui est pas soumis. Le Coran dit qu’Allah aime ceux qui pratiquent la justice et qu’il guide les pas de ceux qui font sa volonté. Allah ne s’accommode pas de ses ennemis, et ceux qui se moquent de lui n’ont que colère et jugement à en attendre. Il n’aime ni les hommes tordus, ni les incroyants, ni les pêcheurs et ceux qui commettent le mal.

Le rapport de l’humanité à Allah est celle d’un serviteur ou d’un esclave [à son maître]. Chaque personne doit se soumettre totalement à Allah et à sa volonté (en arabe : aslama, c’est à dire se soumettre, s’engager, se donner à Allah, se vouer à la volonté d’Allah, pour devenir un musulman). La nature de cette sorte de relation avec Allah s’exprime au travers de prosternations, pratiquées durant les prières rituelles cinq fois par jour. La Sourate 35,16 rappelle que l’humanité est « indigente et dépendante d’Allah » alors qu’Allah n’a besoin de s’appuyer sur personne. Si quelqu’un crie à Allah, il ne le fait pas comme son enfant, ainsi qu’en témoigne la Bible, mais comme un serviteur, ce qui est la seule façon de s’approcher de lui : « Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se rendront auprès du Tout Miséricordieux, en serviteurs » (Sourate 19,93). 

La soumission à la grandeur d’Allah et la reconnaissance de sa souveraineté, conduit la personne à le craindre et à croire en lui. Quand quelqu’un s’incline devant le dieu du Coran plein de bonté et de miséricorde, cela montre qu’il a ses oreilles grandes ouvertes pour ses révélations et qu’il suit la bonne voie, la voie de l’Islam.

Allah, un dieu d’amour ?

Le Coran ne décrit pas Allah seulement comme miséricordieux et plein de bonté. Quelques versets évoquent son amour : «  Dites : si vous aimez Allah, alors suivez-moi et Allah vous aimera et vous pardonnera vos pêchés ! Allah est miséricordieux et prêt à pardonner » (Sourate 3,31). Les théologiens musulmans ne comprennent cependant pas de la même façon l’amour d’Allah :

« Les courants orthodoxes définissent l’amour du genre humain pour Allah comme se manifestant dans le désir de lui obéir et de le servir, dans l’amour de ses commandements, dans sa vénération et ses récompenses. Car, soutiennent-ils, l’amour comme affection réciproque, telle celle d’amis ou d’amants, suppose une égalité entre celui qui aime et celui qui est aimé. La transcendance d’Allah interdit cependant de penser la relation entre Allah et les hommes en ces termes. L’idée que de l’amour ou une amitié étroite puisse exister est folie et présomption insupportable de la part du genre humain et un blasphème qui abaisse Allah ». [2].

Lire : Jésus, Parole de Dieu dans le Coran

Lire aussi: Dieu, la création et la révélation en islam

Le rejet de toute idée d’un amour réciproque entre Allah et l’homme découle du concept de la toute puissance d’Allah, de sa transcendance et de son altérité totale, rendant inconcevable l’idée de la comparer à des relations humaines.

Les mystiques islamiques ont, eux, des vues différentes sur l’amour d’Allah. Pour eux, le croyant soupire à venir plus près d’Allah, pour devenir un avec lui, au point même qu’Allah habite finalement en lui. Comme le croyant se perd en Allah, sa transcendance disparaît et le gouffre infranchissable entre la créature et son créateur est franchi. Cela peut seulement se passer lorsque la personne se perd de façon mystique en Allah. Les musulmans orthodoxe combattent violemment cette approche. Les mystiques vouent toute leur énergie à aimer Allah mais, en fin de compte, ils ne peuvent savoir si Allah les aime en retour.

Différences avec les affirmations bibliques qui voient Dieu comme un Dieu d’amour : bien sûr, il est vrai qu’il y a beaucoup de similitudes entre les descriptions d’Allah dans le Coran et l’image de Dieu que nous trouvons dans la Bible – sans doute plus que dans aucun autre écrit sacré d’aucune autre religion.

Dieu comme créateur, juge, seigneur de l’univers, ayant donné à l’homme un livre sacré, le concept de pêché et de pardon, le pêché des premiers humains au paradis, les tentatives de Satan pour que l’humanité s’égare dans le péché, le jugement du genre humain, les uns entrant au Paradis et d’autres étant envoyés en enfer, la mention d’Adam, Job, Abraham, Moïse, Jésus, Marie et bien d’autres personnages de la Bible soulève la question de savoir si les ressemblances entre la Bible et le Coran ne sont pas plus importantes que les différences. Voici quelques exemples pour apporter plus de lumière sur cette question.

Comparé à ce qu’en dit la Bible, il faut noter que, bien que le Coran mentionne sans cesse la grâce et la miséricorde d’Allah, et même son amour, cet amour ne décrit pas l’essence du caractère d’Allah et n’est pas le message central du Coran. Le cœur du message du Coran témoignage de la singularité et de l’unicité (en arabe : tawhid) d’Allah, ainsi que de sa puissance et de sa force. 

Bien que le Coran utilise le mot « amour », ce mot présente des différences fondamentales avec le sens et l’usage que la Bible fait de ce même mot. Divers livres de la Bible mettent l’accent sur un Dieu qui, non seulement aime ou rencontre l’homme d’une façon aimante, mais encore est amour (1 Jean 4 : 8 et 16) et un « Dieu d’amour » (2 Corinthiens 13 : 11).

Ainsi, le portrait biblique de l’amour de Dieu et sa manifestation diffère fortement de celui du Coran. L’amour de Dieu pour ses créatures n’est pas qu’un concept théorique mais la raison et la force agissante dans ses rapports avec l’humanité dans le passé ; il a atteint son comble dans l’envoi de son fils Jésus-Christ car : «  Voici comment Dieu a démontré qu’il nous aime : il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que, per lui, nous ayons la vie » (1 Jean. 4 : 9, Bible du Semeur). Jésus, Dieu et homme, Fils de Dieu, était l’incarnation de l’amour, de ce même amour que Dieu est, et il est « L’amour de Dieu… manifesté en nous » (1 Jean 4 : 9 NASB). Puisque Dieu est amour, tout amour procède de Lui «  Bien-aimés aimons-nous les uns les autres, car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (1Jean. 4 : 7 Segond). L’amour devrait caractériser toute relation humaine et toute relation avec Dieu.

Le plus grand sacrifice et l’action la plus désintéressée n’a pas de valeur aux yeux de Dieu si sa motivation n’est pas l’amour, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Le passage connu qui décrit l’amour, 1 Cor. 13 : 1-3, le décrit de manière impressionnante : « En effet, quand je parlerais les langues des hommes et des anges : si je n’ai pas l’amour je ne suis rien de plus qu’une trompette claironnante ou une cymbale bruyante. Supposons que j’ai le don de prophétie, que je comprenne tous les secrets et que je possède toute la connaissance ; supposons même que j’ai, dans toute sa plénitude, la foi qui peut transporter des montagnes : si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Si même je sacrifiais tous mes biens, et jusqu’à ma vie, pour aider les autres, au point de m’en vanter, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien ». (Semeur)

Parce que Dieu, la source de tout amour, a déversé son amour sur les hommes, alors les hommes peuvent, à leur tour aimer Dieu et leur prochain. Le premier des Dix commandements contient cette obligation d’aimer : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée… tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Deutéronome 6 : 5 et Lévitique 19 : 18 cités par Jésus dans Matthieu 22 : 37-38).

Ainsi l’amour, selon la Bible, devrait caractériser le mariage et la vie de famille, se trouver dans la communauté des croyants et s’étendre à toutes les relations entre les personnes, mêmes nos ennemis. Bien que le Coran affirme que la réconciliation entre les parties en guerre soit une chose précieuse, il ne fait aucune allusion au fait que là, particulièrement, l’amour devrait régner et que nous devrions pardonner à nos ennemis pour toutes leurs actions méchantes, ainsi que Paul le fait dans sa lettre aux Romains : «  Que votre amour soit sans hypocrisie… considérez les autres comme étant au dessus de vous même… participez aux besoins des saints, pratiquez l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. Ne rendez pas le mal pour le mal. Faites ce qui est bien aux yeux des hommes… Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ou s’il a soif, donne-lui à boire, car en faisant ainsi, tu accumules des charbons ardents sur sa tête. Ne soyez pas dominés par le mal mais surmontez le mal par le bien » (Rom 12 : 13-14, 17, 20-21, Semeur) 

Le lien, fréquemment souligné, entre amour et sacrifice (très spécialement dans le Nouveau Testament) ne se retrouve pas dans le Coran. Ces pensées apparaissent dans le Nouveau Testament, surtout dans le contexte de la mort de Jésus (Jean 3 : 16), mais aussi à un niveau plus général. Comme l’écrit Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15 : 13). Le fait que l’esprit de renoncement volontaire – comme démonstration d’amour – devrait caractériser la vie en communauté ainsi que la famille et le mariage, est un concept strictement biblique qu’on ne retrouve pas non plus dans le Coran.

L’Ancien, mais surtout le Nouveau Testament, soulignent souvent que l’amour est la force motrice des actions de Dieu envers l’humanité, amour qui le pousse à sauver, à rappeler ses commandements par les prophètes et, enfin, à envoyer son Fils qui a donné sa vie sur la croix comme témoignage ultime de l’amour de Dieu pour le genre humain. Dieu, en Jésus, s’est livré lui-même aux mains de ses ennemis, il s’est donné lui-même pour achever l’œuvre du salut de l’humanité. Les actes de Dieu jaillissent de l’amour, avant même que l’humanité n’ait fait quelque chose pour Dieu ou même ne l’ait honoré. Puisque Dieu a envoyé son Fils pour le genre humain, les personnes peuvent répondre à cet amour et accomplir les actes que Dieu, dans son amour, leur commande.

Tout ceci, un amour plein de compassion, prendre soin des autres, pourvoir aux besoins et soigner ceux qui nous sont les plus proches, l’amour même des ennemis qui va jusqu’à mourir pour eux, ne se trouve que dans la Bible, bien que le Coran utilise souvent, dans bien des passages, des expressions comme « amour » et « compassion ».

Notes :

[1] al-Ash’ari. Maqalat al-islamiyyn Cairo 1050, 1 S.216-217, citée d’après John Bouman. Gott und Mensh im Koran. Eine Eine Strukturformreligiöser Anthropologieanhand des Beispiels Allah und Muhammad. Wissenschaftliche Buchgesselschaft, Darmstadt, 1977/1978, p.3

[2] Der Koran Arabich-Deutch. Übersetzung und wissentschaftlicher Kommentar von Abel Theodor Khoury. 10 Bde Vol.2 :sour. 2, 75 – 2,212. Gütersloher Verlagshaus Gerd Monh : Gütersloh, 1991, PP.207-208.

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